« L'image que nous nous faisons d'une
révolution prend la plupart du temps racine dans les sédiments de l'Histoire,
dont la charge messianique a été soigneusement désamorcée. (...) Tous les
outils nous manquent, les gestes et les mots sont gâchés par l'effroyable
entreprise que constitue l'écriture de l'Histoire par les vainqueurs. (...) Il
existe un objectif commun à la révolte et à la révolution, celui de conjurer
cet effet aliénant du pouvoir sur les masses et les individus. (…)
Ce qui importe vraiment du passé est ce dont on ne
se souvient pas. Le reste, c'est-à-dire ce que la mémoire conserve ou retrouve,
est seulement du sédiment. Une partie du temps éprouvé est véritablement
absorbée, comme un aliment digéré par l'organisme vivant. Ce temps continue à
être le passé mais il est l'unique vrai passé vivant et vif dans l'esprit et
dans le corps. » (F. Jesi)
« La mise en place de la domination
spectaculaire est une transformation sociale si profonde qu'elle a radicalement
changé l'art de gouverner. (...). Non seulement on fait croire aux assujettis
qu'ils sont encore, pour l'essentiel, dans un monde que l'on a fait
disparaître, mais les gouvernants eux-mêmes souffrent parfois de
l'inconséquence de s'y croire encore par quelques côtés. (...) Le destin du
spectacle n'est certainement pas de finir en despotisme éclairé.
Il faut conclure qu'une relève est imminente et inéluctable dans la caste cooptée qui gère la domination. (...). Elle sélectionnera ceux qui y prendront part sur cette exigence principale : qu'ils sachent clairement de quels obstacles ils sont délivrés, et de quoi ils sont capables. » (Debord)
Il faut conclure qu'une relève est imminente et inéluctable dans la caste cooptée qui gère la domination. (...). Elle sélectionnera ceux qui y prendront part sur cette exigence principale : qu'ils sachent clairement de quels obstacles ils sont délivrés, et de quoi ils sont capables. » (Debord)
« A travers toute l'éternité, les lambeaux du
passé ne sont que des lambeaux de l'avenir retournés. Vous autres mortels, vous
traversez éternellement vos sierras en mettant vos pieds dans de vieilles
empreintes. » (Melville)
« Y a-t-il un penseur important qui n'ait pas à
protéger ses idées de ce qu'en font ses partisans - ou ses ennemis, en
l'occurrence ? Toute idée est rendue plus grossière, plus plate, et se déforme
à mesure qu'elle chemine dans le monde. Le monde qui s'en empare le fait en
fonction de ses propres connaissances et de ses propres besoins. Dès qu'une
vision se transforme en une institution, des nuages de poussière la recouvrent,
brouillant ses contours et ses contenus. L'histoire des idées est une histoire
des malentendus. » (Kracauer)
« Les classes dominantes n'ont cessé de vouloir
conjurer le spectre de Paris-Commune, plusieurs fois ressuscité (en 1936 avec
les grèves du Front Populaire, en 1945 avec l'insurrection et la libération de
Paris, en 1968 avec sa grève générale et ses barricades). Depuis, toutes les
politiques urbaines n'ont eu de cesse de vider le Paris-Commune de ses énergies
populaires, en exilant le peuple des quartiers dans la zone grise des banlieues
de plus en plus lointaines, pour en faire une cité sans citoyens, une ville-vitrine
et une ville-monument. » (Bensaïd)
« C'est une révolution contre l’État lui-même,
cet avorton surnaturel de la société, la reprise par le peuple et pour le
peuple de sa propre vie sociale. » (Marx)
« Contrairement au marxisme évolutionniste
vulgaire, Benjamin ne conçoit pas la révolution comme le résultat
"naturel" ou "inévitable" du progrès économique et
technique (ou de la "contradiction entre force et rapports de
production"), mais comme l'interruption d'une évolution historique
conduisant à la catastrophe. » (Löwy)
« Tenons-nous-en autant que possible à l'état
d'esprit dans lequel nous nous sommes formés; avec quelques-uns peut-être, nous
serons les derniers d'une époque qui ne reviendra pas de sitôt. »
(Benjamin)
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