« Seul
un homme n'ayant aucun respect de lui-même peut trouver une consolation dans le
fait d'être une victime et même en tirer orgueil. Moi, je ne vois là aucune
raison d'être fier. » (Andreïev)
« Si l'étranger constitue un paradigme
politique fondamental - au point qu'on pourrait presque juger une société au
sort qu'elle réserve à ses étrangers -, l'étrange serait son corollaire
esthétique fondamental, celui qui apparaît dans les récits de Franz Kafka ou
dans l'effet d"inquiétante étrangeté" analysé par Freud à la même
époque. (...) L'étranger comme l'étrangeté ont pour effet de jeter un doute sur
toute réalité familière. Il s'agit, à partir de cette mise en question, de
recomposer l'imagination d'autres rapports possibles dans l'immanence même de
cette réalité. » (G. D. Huberman)
« Jusque dans notre peur,
quelque chose était en train de changer, du fait même qu'à travers la notion de
catastrophe le rapport entre le réel et l'imaginaire semblait s'inverser. »
(A. Le Brun)
« Au zénith du citadin il n'y a
plus de soleil, mais la pendule du bureau. » (Charbonneau)
« Il advint que le globe avait
été presque entièrement parcouru, et que l'on pouvait alors feuilleter l'atlas
à livre ouvert - ce livre de sable enfin parachevé, du moins : presque. Du fin
fond des sables lointains avaient disparu les terres inconnues, et là plus ni
lions, ni dragons, ni sciapodes. » (Siebauer)
« L'homme, par son égoïsme trop
peu clairvoyant pour ses propres intérêts, par son penchant à jouir de tout ce
qui est à sa disposition, en un mot, par son insouciance pour l'avenir et pour
ses semblables, semble travailler à l'anéantissement de ses moyens de
conservation et à la destruction de sa propre espèce. » (Lamarck)
« ... et toute l'atmosphère
était maintenant devenue un vaste laboratoire de mouvements hostiles en tout
sens. » (de Quincey)
« & aussi que la plupart
certainement n'avaient pas réclamé, n'avaient pas voulu en personne ces
déprédations, n'avaient pas exigé en leur nom cette mise au pillage, tout ce
cyclopéen d'extraction et de razzias, de récoltes à blanc, cette dénudation brutale
de la vie terrestre - ni rien en particulier de ce qui a fait le lit de ce
désordre menaçant; néanmoins qu'ils voulurent bien ce qu'on leur procurait, et
non seulement le strict utilitaire mais encore le très superflu par rotation de
porte-containers, les commodités flatteuses à la négligence et au manque de
goût, toute cette profusion sous blister ou en armoires de congélation; qu'ils
furent preneurs volontiers de ces innovations de l'informationnel à porter sur
soi qui leur sont maintenant des indispensables à épanouir leur individu;
qu'ils aient peu renâclé à cet envahissement : "Je ne suis pas le donneur
d'ordre", s'exonèrent-ils ("Je n'y suis pour rien si c'est devenu
comme ça", "On n'avait rien demandé, mais c'est là autant s'en
servir", etc.) Qui est assez en duplicité le "Je n'ai pas demandé à
vivre" de l'adolescent maussade. On lui répondra : Mais si, tu ne serais
pas là sinon; et aux autres : Mais si, on n'en serait pas là sinon. » (B.
de Bodinat)
« Comment une structure
socio-économique qui ne prône que la flexibilité, la dissolution, le profit et
la rentabilité immédiats pourrait-elle engendrer chez ceux qu'elle modèle le
moindre respect pour ce qui dure, vaut au-delà de l'instant et n'est pas
périssable comme un vulgaire produit de consommation courante ? Elle-même bâtit
sur du vent.
Le vandalisme qu'elle subit, elle le sème quotidiennement en dégradant le sol, le paysage et les villes. Elle ne peut donc se plaindre d'un mauvais traitement et crier au scandale. Son nihilisme lui revient dans la gueule comme un boomerang, et il faut avouer qu'elle l'a bien cherché. » (Bégout)
Le vandalisme qu'elle subit, elle le sème quotidiennement en dégradant le sol, le paysage et les villes. Elle ne peut donc se plaindre d'un mauvais traitement et crier au scandale. Son nihilisme lui revient dans la gueule comme un boomerang, et il faut avouer qu'elle l'a bien cherché. » (Bégout)
Comme d'habitude, un excellent spicilège même si le constat que nous devons en faire ne laisse pas d'être désespérant. Quoi qu'il en soit, merci pour ce qui se révèle être aussi une bonne incitation à certaines lectures. Un bon été à vous.
RépondreSupprimer