« J'ai essayé d'interpréter le rationalisme
morbide comme une obsession de l'identité. L'identification est une dimension
essentielle du cheminement de la pensée mais c'est un facteur statique qui doit
être contrebalancé par l'intuition du divers dont la fonction est de maintenir
le contact avec la réalité. » (Gabel)
« Le problème de la fausse conscience est lié à
celui de l'aliénation dans son double aspect social et individuel (clinique).
(...) Il peut donc être interprété en termes marxistes, comme la manifestation
d'une psychologie réifiée. C'est donc une forme d'aliénation à la fois dans le
sens marxiste et au sens psychiatrique du terme. C'est là le point
d'articulation avec la théorie de la structure schizophrénique de la fausse
conscience. » (Gabel)
« Le rôle que joue le menteur est un rôle
extérieur à son personnage. La liberté du menteur n'est qu'apparence. Du point
de vue anthropologique le mensonge apparaît donc comme un phénomène
périphérique de la psychopathologie. Ce sont probablement les mêmes forces - ou
plus exactement les mêmes faiblesses - qui obligent telle personne à se
réfugier dans le délire et telle autre à essayer d’avancer dans la vie sur les
fragiles béquilles du mensonge. » (Gabel)
« Un homme ne peut redevenir enfant, sous peine
de tomber dans la puérilité. Mais ne prend-il pas plaisir à la naïveté de
l'enfant et, ayant accédé à un niveau supérieur, ne doit-il pas aspirer
lui-même à reproduire sa vérité ? » (Marx)
« Le sentiment d'impuissance accompagne tous
les êtres humains à travers leur existence. Aussi longtemps que l'idée
d'infériorité se rattache à l'espoir, elle stimule la vie; dans l'ambition, la
soif d'apprendre, l'aspiration à compenser les dons déficients, elle libère des
forces spirituelles et corporelles. Mais s'y associe-t-il le doute, ou même le
désespoir, alors la plénitude de la vie décline. Le ça en l'homme se détend et
le plonge dans l'épuisement, la fatigue; et, moitié pour excuser l'échec,
moitié pour gagner le temps nécessaire à rassembler de nouvelles forces, il le
fait tomber malade. » (Groddeck)
« Le but de la révolution est la suppression de
l’angoisse. C’est pourquoi nous n’avons pas à nous angoisser devant elle, ni
non plus à ontologiser notre angoisse. » (Adorno)
« Puisque chaque sentiment particulier n'est
que la vie partielle, et non la vie tout entière, la vie brûle de se répandre à
travers la diversité des sentiments, et ainsi de se retrouver dans cette somme
de la diversité. Dans l'amour, le séparé existe encore, mais non plus comme
séparé : comme uni, et le vivant rencontre le vivant. » (Hegel)
« La psychanalyse était à l'origine une théorie
radicale, pénétrante et libératrice. Elle a peu à peu perdu ce caractère, elle
est entré en stagnation, parce qu'elle n'a pas réussi à développer sa théorie
face au changement de la situation humaine; au contraire, elle s'est retirée
dans le conformisme et la recherche de la respectabilité. » (Fromm)
Merci pour ces utiles rappels.
RépondreSupprimerCela me donne envie de lire, enfin, le trop méconnu E. Fromm.
Bien à vous
Salutations Promeneur,
RépondreSupprimerOui, Erich Fromm est l'un des premiers a avoir compris que l'embourgeoisement de la psychanalyse, son refus de se confronter à l'aliénation sociale, allait la condamner à l'insignifiance; qu'au lieu d'être un puissant instrument de libération comme elle le fut au départ, elle devenait un triste outil d'adaptation aux normes de la domination.
Mais le milieu, dans sa grande majorité, a préféré continuer à faire la sourde oreille.Certains doivent même être "macroniste", ahah !
Bonne journée à vous.
Je vous recommande, cher Steka, la lecture du livre de Pierre Eyguesier, "Psychanalyse négative", publié, je crois, aux éditions de la Lenteur.
RépondreSupprimerCe psychanalyste y pourfend cette psy vouée à l'adaptation et défend la pratique d'une psychanalyse qui ne craint pas de faire rentrer l'aliénation dans son cabinet. C'est ce que j'ai pu lire de plus stimulant sur le suejt depuis des années.
Bonne journée
Bonjour Promeneur,
SupprimerJe vois que, fort logiquement, nous avons de nombreuses lectures communes. Mais il faut dire que sur un sujet aussi important et aux conséquences aussi désolantes, les références sont plutôt rares. Comme si le milieu de la psychanalyse s'était lui-même très majoritairement "adapté" aux exigences de la domination marchande; sans se rendre compte qu'il y perdait quasiment sa raison d'être et finalement toute dignité. J'avais à l'époque écrit une petite recension de l'ouvrage et relevé quelques extraits. https://www.babelio.com/livres/Eyguesier-Psychanalyse-negative/719397
Malheureusement, comme beaucoup des livres importants de l'époque, celui-ci n'est quasiment pas lu; arrivant trop tard probablement et alors que la psychanalyse n'intéresse plus en dehors des milieux affiliés à l'utilitarisme - un comble !
L'inconscient est redevenu le diable pour beaucoup, rejoignant tout ce que cette époque préfère mettre "de coté". Les places de prison ne seront par contre jamais assez nombreuses, semble-t-il.
Bien cordialement à vous.
Bonjour à vous,
RépondreSupprimerc'est vrai qu'il existe peu de références sur cette question. Si vous en possédez, je suis preneur.
Et vous avez raison, l'inconscient est devenu un diable bouté hors de bien des chapelles. Le déni ici, et dans d'autres domaines aussi, semble devoir tout recouvrir.
J'admets cependant que faire preuve d'un minimum de lucidité, aujourd'hui, demande de plus en plus de courage.
Bien à vous
Une petite recherche sur les collaborations de Pierre Eyguesier m'a mené à ce livre "L'héritage politique de la psychanalyse - Pour une clinique du réel" de Florent Gabarron-Garcia aux Éditions de La Lenteur, paru en mars 2018. Livre que je vais certainement me procurer mais je ne peux vous en dire plus à ce stade. Peut-être aurons-nous l'occasion d'en parler ultérieurement.
RépondreSupprimerBonne soirée à vous.