mercredi 16 décembre 2015

CARNET DE CITATIONS - CONSIDERATIONS DIVERSES 3




« Car l'entendement donne seulement l'indication du contenu, mais il ne fournit pas le contenu même. » (Hegel)

« Les citations dans mon travail sont comme des brigands sur la route, qui surgissent tout armés et dépouillent le flâneur de sa conviction. » (Benjamin)

« C'est avec habileté, sinon tromperie, que la nature en a usé avec l'homme pour le faire entrer dans ce monde, car elle machina de l'y jeter sans aucune espèce de connaissance afin de prévenir toute objection. » (Gracian)

« Vous ne pouvez pas dépasser la philosophie sans la réaliser. » (Korsch)

« L'idéologie n'est que la conscience renversée. » (Korsch)

« Je pus d'un coup embrasser du regard tout un quartier extrêmement confus, un réseau de rues que j'avais évité pendant des années, le jour où un être aimé y emménagea. C'était comme si on avait installé à sa fenêtre un projecteur qui révélait le quartier par ses faisceaux lumineux. » (Benjamin)

« Ses connaissances ne font pas partie de lui-même, elles lui restent extérieures, sa petite âme est ornée de l'appareil d'une plus grande dans laquelle elle ne sait comment se tenir, d'où les innombrables formes sous lesquelles se présente le mauvais écrivain, d'où l'enflure, l'inégalité avec soi-même (trait principal du mauvais écrivain). » (Lichtenberg)

« L'ironie consiste en la gravité la plus profonde unie au goût de la plaisanterie et de la vraie gaieté; elle n'est ni moquerie, ni mépris, ni persiflage, rien de ce qu'on a coutume de désigner habituellement sous ce nom d'ironie. Loin d'être une vertu purement négative, elle est essentiellement positive. Elle représente chez le poète la faculté de dominer la matière; l'ironie l'empêche de s'y perdre et le préserve d'une conception unilatérale des choses, d'une tendance vaine à les idéaliser. » (Tieck)

« Marcher est une opération multiple : c'est à la fois une manière de lire par la marche les signes d'une ville inconnue, une manière de l'occuper physiquement et une manière de réinscrire sur le plan de la ville réelle - la Buenos Aires des années vingt - le tracé d'une ville qui s'est évanouie dans le passé. » (Alan Pauls)

« Je demandais à un homme pauvre comment il vivait. Il répondit : " Comme un savon, toujours en diminuant." » (Swift)

« L’éclectique est un philosophe qui foulant aux pieds le préjugé, la tradition, l’ancienneté, le consentement universel, l’autorité, en un mot tout ce qui subjugue la foule des esprits, ose penser de lui-même. » (Diderot)

« L'ironie, disions-nous, est la conscience : mais d'où vient que cette conscience soit, précisément, de qualité ironique ? » (Jankélévitch)

« Dans la pratique, certains mots, lorsqu'on en abuse par un usage trop courant, souffrent dans leur signification d'une maladie semblable à l'inflation. » (Kubler)

« La biographie n'est qu'une manière provisoire d'étudier la substance artistique, mais elle ne traite même pas de la place de l'histoire dans la vie des artistes, qui est toujours la question de leur rapport avec ce qui a précédé et ce qui a suivi. » (Kubler)

mardi 24 novembre 2015

CARNET DE CITATIONS Société 14




« Cette norme de la concurrence ne naît pas spontanément en chacun de nous comme un produit naturel du cerveau, elle n'est pas biologique, elle est l'effet d'une politique délibérée. C'est avec l'aide très active de l’État que l'accumulation illimitée du capital commande de façon de plus en plus impérative et rapide la transformation des sociétés, des rapports sociaux et des subjectivités. »
(Dardot et Laval)

« Ils vivent un éternel présent, aux antipodes de toute éternité, qui absorbe les uns après les autres les instants vides et qui s'empresse de les jeter aussitôt consommés dans la poubelle de l'oubli où ces moments déchus ne formeront jamais un passé. » (Bégout)

« Mais ces ruines modernes qui composaient de plus en plus le paysage urbain ne signifiaient rien de plus que le mépris de l'époque pour toute idée de durée, l'acceptation mesquine de la précarité. » (Bégout)

« L'absolutisme d'hier méprisait le vilain et le dévorait sans assaisonnement; le totalitarisme d'aujourd'hui flatte le peuple et le dévore en ragoût. » (Malaquais »

« Le diable ne sait plus où donner de la tête, tant le sollicite de toutes parts quiconque pense avoir un brin d'âme à vendre. » (Malaquais)

« Ce que Kracauer, en 1930, diagnostiquait comme culture des employés, la superstructure institutionnelle et psychologique qui, à cette époque, faisait illusion aux prolétaires à col blanc immédiatement menacés par la crise, en leur faisant croire qu'ils étaient quelque chose de meilleur et, ainsi, les retenait à la "perche" de la bourgeoisie - depuis lors, cette superstructure, dans la conjecture longtemps persistante, est devenue l'idéologie universelle d'une société qui se méconnaît elle-même. » (Adorno)

« Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. » (Marx)

« Ces astuces qui soutiennent l’État, tours de passe-passe
Que nous nommons profonds desseins politiques.
La machine, mal montée, s'effondre,
Les écrans glissent et laissent tout voir :
Comme le truquage saute vite aux yeux !
Que c'est simple ! Quelle triche grossière !
Voyez donc le nœud de la poulie !...
Quelle pauvre machine actionne
Les pensées des monarques et les plans des États ! »  (Swift)

« On voudrait nous voir résignés et entonner le chant de la désillusion, le cri du désespoir. Nous pensons qu'il y a là la pire des dispositions, l'option de l'impuissance. (...) Chaque époque est traversée d'enjeux singulièrement nouveaux, auxquels correspondent des façons singulièrement nouvelles de se confronter au monde. » (Morbois)

« L'internaute après tout n'est que l'aboutissement délirant d'un long processus d'isolement des individus et de privation sensorielle. » (Baudouin de Bodinat)

« Pour le Marx de 1844, l'homme aliéné (...), c'est l'homme auquel est dérobée la dimension objective de son propre être, au point qu'il en vienne à se concevoir lui-même comme un être détaché de l'objectivité et essentiellement différent d'elle. » (Fischbach)

dimanche 8 novembre 2015

Carnet de citations - Poésie 4

                                                 Max Ernst 1927 - Vision Porte Saint-Denis




« Plus à portée de l’homme il est d’autres coïncidences
Véritables fanaux dans la nuit du sens
C’était plus qu’improbable c’est donc exprès
Mais les gens sont si bien en train de se noyer
Que ne leur demandez pas de saisir la perche. »   (Breton)

« Société, tout est rétabli : — les orgies
Pleurent leur ancien râle aux anciens lupanars :
Et les gaz en délire aux murailles rougies
Flambent sinistrement vers les azurs blafards ! » (Rimbaud)


Rue Aubry-le-Boucher (en démolition)

Rue Aubry-le-Boucher on peut te foutre en l'air,
Bouziller tes tapins, tes tôles et tes crèches
Où se faisaient trancher des sœurs comaco blèches
Portant bavette en deuil sous des nichons rider.

On peut te maquiller de béton et de fer
On peut virer ton blaze et dégommer ta dèche
Ton casier judiciaire aura toujours en flèche
Liabeuf qui fit risette un matin à Deibler.

À Sorgue, aux Innocents, les esgourdes m'en tintent.
Son fantôme poursuit les flics. Il les esquinte.
Par vanne ils l'ont donné, sapé, guillotiné

Mais il décarre, malgré eux. Il court la belle,
Laissant en rade indics, roussins et hirondelles,
Que de sa lame Aubry tatoue au raisiné. 
(Desnos)

Au coin des rues Saint-Martin et de la Verrerie
Une plume flottait à ras du trottoir
Avec de vieux papiers chassés par le vent.
Un chant d’oiseau s’éleva square des Innocents.
Un autre retentit à la Tour Saint-Jacques.
Il y eut un long cri rue Saint-Bon
Et l’étrange nuit s’effilocha sur Paris.
(Desnos)

« Tandis que je traversais de nuit le confluent des fleuves dans les aveugles cris à pied et en voiture de mes hommes, dans les feux des torches de pin où nous cherchions les basses eaux, dans les étoiles éparses stationnaires sur la grève, dans le dense parfum des fumées sous le vent, il me sembla entendre le malheur et la voix des rencontres déçues. » (Shi Su)

jeudi 15 octobre 2015

La Culture ? Quelle culture ? Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien ...

Bibliothèque de Holland House, à Londres, après un bombardement en septembre 1940 - Image de couverture de l'ouvrage de Siegfried Kracauer, L'Histoire des avant-dernières choses.

samedi 19 septembre 2015

CARNET DE CITATIONS - De l’agir 4




« Je ne puis certes affirmer que cela ira mieux si cela change, mais je suis certain qu'il faut que cela change pour que cela puisse aller mieux. » (Lichtenberg)

« Efforce-toi de ne pas être de ton temps. » (Lichtenberg)

« Aucun penseur ou artiste d'avant-garde n'échappe à ce reproche (de froideur). Parce qu'il prend terriblement au sérieux l'utopie et sa réalisation, il n'est pas un utopiste, mais il regarde la réalité en face, telle qu'elle est, pour ne pas se laisser abêtir par elle. Il veut libérer de leur emprisonnement les éléments du mieux qui sont contenus en elle. S'il se fait aussi dur que les conditions de vie pétrifiées, ce n'est que pour les briser. » (Adorno)

« L'intelligence stratégique vient du cœur et non du cerveau, et le tort de l'idéologie est précisément de faire écran entre la pensée et le cœur. » (Comité invisible)

« Quand on voit se dresser les appareils de la captivité, de la torture, de la mort, rester sans rien faire est plus périlleux que d'essayer de les abattre. » (Machiavel)

« Aucune alternative à la forme contemporaine de la mondialisation ne nous sera fournie d’en haut. Elle devra arriver par le biais de multiples espaces locaux – espaces urbains en particulier – se coordonnant en un mouvement plus grand. » (Harvey)

« La vie ne doit pas être un roman que l'on nous donne mais que nous faisons. » (Novalis)

« Nous comprendrons le monde quand nous nous comprendrons nous-mêmes, car nous en sommes des moitiés intégrantes. » (Novalis)

« Faire de la magie n'est pas autre chose que de marier le monde. » (Pic de la Mirandole)

« Le plus important pour un homme libre est de protéger la liberté des autres. » (Grann)

« Il faut savoir discerner le rythme ascensionnel et le rythme décadent en toutes choses. Réfléchissez-y bien. » (Musashi)

« Révolution, tendresse, passion, je méprise ceux dont vous ne bouleversez pas la vie; ceux que vous n'êtes pas capable de perdre et de sauver. » (Desnos)

« Ce que nous trouvons de plus valable dans notre action, jusqu'à présent, c'est d'avoir réussi à nous défaire de beaucoup d'habitudes et de fréquentations.
On a beau dire, assez rares sont les gens qui mettent leur vie, la petite partie de leur vie où des choix leur sont laissés, en accord avec leurs sentiments et leurs jugements. » (Potlatch)

« Pour pouvoir penser, il faut avoir appris à se soutenir dans le vide. » (Lebrun)

« Je n'ai pas renoncé à l'espoir ni au désir d'éclairer un chemin non frayé vers l'avenir. Et je sais très bien par ailleurs qu'il n'y a pas de logique implacable à l'œuvre dans l'histoire, de sorte que le caractère contingent des affaires humaines laisse toujours ouverte la possibilité de l'inattendu. » (Bégout)

« L'acte précède la puissance. Tout ce que je peux faire à chaque instant de mon corps, de ma pensée et de ma vie provient de ce que moi, ou un autre, a déjà fait. C'est l'activité qui établit la nouveauté dans le monde. Elle est l'institution originaire de toutes choses. Nos facultés ne servent à rien sans l'effectivité d'un passage à l'acte qui, seul, décide de ce qui est. » (Bégout)