vendredi 10 juin 2016

CARNET DE CITATIONS -Psychologie, comportement humain 11

 

« Pourquoi l'idiot a-t-il tant de titres qu'il en oublie le véritable, tant de charges qu'il a le droit de les négliger toutes, tant de mérites extérieurs qu'il n'a pas besoin d'en avoir à l'intérieur ? »
(Jean Paul)

« Ils ont tué notre confiance, ils ont fait naître dans notre cœur la bête fétide, la puantise du doute. C'est bien cela l'ennemi: c'est celui dans lequel nous ne croyons plus. Car les hommes vivent de confiance et ils meurent de doutes. » (Léon-Paul Fargue)

« Dans les faits, messieurs, vous ne disposez d'aucun idéal. A la maison, vous méprisez vos parents, à l'école, vous méprisez vos professeurs, dès que vous pénétrez dans la société, c'est pour mépriser les gentlemen. Éprouver du dédain pour le monde entier est une attitude, une simple pose. Car pour être en mesure d'afficher du mépris, il faut posséder un grand idéal. Si l'on ne nourrit pas soi-même un idéal, mépriser les autres est une forme de déchéance. » (Soseki)

« Personne jusqu'ici ne s'est soucié de savoir qui pratique la psychanalyse. On s'en est même beaucoup trop peu soucié; on n'était unanime que pour souhaiter que personne ne l'exerçât, et les différentes raisons avancées se fondaient sur la même aversion. (...) Par les termes de la loi, les nerveux sont des malades, les profanes sont des non-médecins, la psychanalyse est une méthode visant la guérison ou le soulagement des souffrances nerveuses, et tous les traitements de cette espèce sont réservés aux médecins. (...) Il se présente cependant certaines complications dont la loi ne se soucie pas, mais qui de ce fait même exigent qu'on les prenne en considération.
Il apparaîtra peut-être en l'occurrence que les malades ne sont pas comme d'autres malades, que les profanes ne sont pas à proprement parler des profanes, et que les médecins ne sont pas exactement ce qu'on est en droit d'attendre de médecins, ce sur quoi justement ils fondent leurs prétentions. » (Freud)

« Cela ne veut rien dire d'être exceptionnel par ce qui nous distingue de l'humanité, car le seul critère de la grandeur réside dans la manière et la puissance de ce que l'on partage avec l'humanité entière. » (Hofmannsthal)

« De ses prunelles d'un bleu cendré, elle vous regardait avec beaucoup d'attention, droit dans les yeux, mais ne vous fixait pas. Elle avait assez de maturité pour percer au premier coup d’œil la valeur de ce qui était devant elle mais pour n'en rien montrer, et quand elle riait, dansait dans ses yeux quelque chose de mûr qu'épargnait la corruption. » (Takeshi Kaïkô)

« J'ignore pourquoi ils sont aussi craintifs et peu sûrs d'eux, dit-il. Ils sont terrifiés de tout ce qu'ils ne connaissent pas. Si quelque chose ne coïncide pas avec ce qu'ils savent et croient, ils en concluent immédiatement que c'est mauvais et que ce doit être traité avec la plus grande suspicion. » (Josipovici)

« La peur du silence est la peur de la solitude, disait-il, et la peur de la solitude est la peur du silence. Les gens ont peur du silence, disait-il, parce qu'ils ont perdu la capacité à faire confiance au monde pour leur apporter le renouveau. Pour eux le silence ne signifie que la reconnaissance d'avoir été abandonnés. » (Josipovici)

« On a consacré une littérature diverse et pléthorique à l'être humain sexuellement insatisfait. Il est certain qu'il constitue un problème. Mais que représente ce problème face à une autre insatisfaction, massive celle-là : l'insatisfaction des hommes dans leur légitime aspiration à la reconnaissance et à l'autorité sociale ? Qui s'étonnerait si cette insatisfaction avait des conséquences fort coûteuses pour l'humanité ? » (Sperber)

mercredi 1 juin 2016

CARNET DE CITATIONS Société 17

                                              

« On sait aujourd’hui que les idéologues n’ont d’autre souci que de parvenir à exercer ce pouvoir sur la langue, en contrôlant la production du sens et du non-sens, en conquérant brutalement ou insidieusement les terres en friche du langage. Mais c’est aussi le propos de toute pensée dominante qui détruit inévitablement l’équilibre organique de la langue pour un meilleur rendement idéologique tout comme on n’hésite pas à détruire l’équilibre naturel d’une région pour un meilleur rendement économique. » (Radovan Ivsic)

« C'est d'ailleurs un trait caractéristique des scandales et des révélations : plus on les dévoile et moins sérieuses en sont les conséquences. (...) On le constate pour des choses aussi courantes que les ententes de cartels, les financements biaisés de partis, les scandales aux subventions, le blanchiment d'argent, la corruption et le trafic d'armes. Chaque mention de ce genre d'activités est reçue sans ciller puis oubliée de la même façon.
Les scènes de torture dans l'enceinte d'Abou Ghraib, visibles en permanence sur YouTube, ont seulement conduit à ce que les soldats directement impliqués soient condamnés à des peines de prison -six mois ferme pour la photographe par exemple- sans que l'on inquiète les huiles du Pentagone. » (Enzensberger)

« Chaque détail du quotidien de ces ouvriers de l’électronique rappelle l’extrême mesquinerie sur laquelle repose le grand capital : en particulier dans le secteur manufacturier, les petites économies font les grandes fortunes. Les réunions obligatoires de début et de fin de journée ne sont pas payées. Il est interdit de parler à son voisin de chaîne et de lever la tête. La nourriture est insipide et insuffisante. A l'usine Jabil de Wuxi, le recrutement est payant à chaque étape, y compris la visite médicale, et dans les dortoirs, l'eau potable n'est pas fournie. Sur tous ces sites, cancers, maladies respiratoires et neurologiques sont légion, résultats de l'exposition aux poussières d'aluminium, fluides de coupe et solvants. » (Jenny Chan)

« Celui dont les mensonges ne trompent plus a perdu le droit de dire la vérité. » (Bierce)

« Il faudrait encore évoquer la part la plus éphémère de l'homme, celle qui de toutes façons se perd à tout jamais avec sa mort : sa façon d'apparaître, d'être là, de parler, de prendre les choses ou d'aborder les gens. » (Péju)

« Parce que dans une société où toutes les relations humaines sont condamnées à l'abstraction, où il n'existe plus rien de concret, la philosophie, désespérément, s'efforce de pénétrer ce concret, de l'invoquer, sans pourtant nous tromper sur l'absurdité de l'existence mais sans non plus s'y laisser engloutir. » (Adorno)

« Je vis clairement alors quel peu de prix est accordé à l'homme en tant qu'homme, et qu'il ne possède rien sur terre que ce qu'il a pu acheter ou obtenir de haute lutte.
Oh !, avec quel rage amère je vis que mendiants, vagabonds et autres pauvres diables tels que moi se sont laissé dépouiller du droit de force. » (Bonaventura)

« La responsabilité de ces événements incombe sans contredit à l'incurie de l'administration policière. Qu'elle surveille mieux à l'avenir la composition des lobes cérébraux de ses agents : qu'elle la vérifie au besoin par trépanation avant toute nomination définitive ... » (Jarry)

« Rire de ce rire-là, c'est aussi une façon de ne pas s'abandonner au désespoir. » (Péju)