dimanche 21 juillet 2019

CARNET DE CITATIONS - De l’agir 6



«On s'est demandé : "La vie privée est privée de quoi ?" Tout simplement de la vie, qui en est cruellement absente. Les gens sont aussi privés qu'il en est possible de communication ; et de réalisation d'eux-mêmes. Il faudrait dire : de faire leur propre histoire, personnellement. Les hypothèses pour répondre positivement à cette question sur la nature de la privation ne pourront donc s'énoncer que sous forme de projets d'enrichissements ; projets d'un autre style de vie ; en fait d'un style... Ou bien, si l'on considère que la vie quotidienne est à la frontière du secteur dominé et du secteur non dominé de la vie, donc le lieu de l'aléatoire, il faudrait parvenir à substituer au présent ghetto une frontière toujours en marche ; travailler en permanence à l'organisation de chances nouvelles. » (Debord) 

« Le but essentiel de cet ouvrage est de démontrer qu'il existe un principe fondamental de toutes les opérations de la guerre, principe qui doit présider à toutes les combinaisons pour qu'elles soient bonnes. Il consiste:
1° A porter, par des combinaisons stratégiques, le gros des forces d'une armée, successivement sur les points décisifs d'un théâtre de guerre, et autant que possible sur les communications de l'ennemi sans compromettre les siennes.
2° A manœuvrer de manière à engager ce gros des forces contre des fractions seulement de l'armée ennemie.
3° Au jour de la bataille, à diriger également, par des manœuvres tactiques, le gros de ses forces sur le point décisif du champ de bataille, ou sur la partie de la ligne ennemie qu'il importerait d'accabler.
4° A faire en sorte que ces masses ne soient pas seulement présentes sur le point décisif, mais qu'elles y soient mises en action avec énergie et ensemble, de manière à produire un effort simultané. » (Jomini)

« Appliquée à une simple opération passagère, c'est-à-dire considérée comme initiative des mouvements, l'offensive est presque toujours avantageuse, surtout en stratégie. » (Jomini)

« Quant au parti de rester neutre, je ne crois pas qu'il ait jamais servi personne, quand celui qui le prend est moins fort que les combattants et qu'il se trouve placé au milieu; car vous saurez d'abord qu'il est indispensable à un prince de se conduire à l'égard de ses sujets, de ses alliés et de ses voisins, de manière à n'en être ni haï ni méprisé; et s'il doit choisir à tout prix : qu'il se moque de la haine mais qu'il évite le mépris. » (Machiavel)

« Si les points forts et les points faibles d'une armée ou d'un système de défense sont analysés en termes de "plein" et de "vide", ces deux critères peuvent aussi entrer dans un processus complexe de leurre, visant à faire perdre à l'adversaire la juste appréciation de la force qui lui est opposée. » (Anonyme)

« Tout incident de voyage est instructif pour qui est apte à saisir la portée morale des événements, en sorte que c'est moins le Maître qui parle que le chemin lui-même qui prodigue des leçons. (...) Tchouang-Tseu, tout en se livrant à la subversion parodique de l'enseignement lettré, se situe donc dans son droit-fil. » (Jean Lévi)

« Il n'y a d'opposant légitime, aux yeux du pouvoir, que celui qui est inapte à le menacer. Voilà le secret de la "légitimité" vue par les maîtres : ne sont reconnus comme légitimes que ceux qui ont renoncé à leur force. » (Chamayou)

« L'expérience prouve abondamment qu'aucun grand dessein ne peut être envisagé, quand bien même les partisans seraient fidèles et peu nombreux, sans que par des détours mystérieux et inexplicables un pressentiment ou une sombre appréhension s'éveille chez ceux-là mêmes qu'il faut tenir dans l'ignorance. » (De Quincey)

« On s’efforce de se convaincre que les «années folles de notre jeunesse » étaient une rébellion sans contenu ; on s’adapte ; la pression du milieu est trop grande et la révolte paraît trop exigeante. Les désirs indomptables, la joie de la révolte font place à la logique de gains et de pertes, de résultats et de rapports de force réalistes, de calculs. On oublie que la joie est dans l’agir même. » (Libertad)

dimanche 14 juillet 2019

CARNET DE CITATIONS : HISTOIRE/HISTORIOSOPHIE 21

« Les mains et l'âme me démangeait de prendre une part active à la révolte de Kronstadt : ce n'était pas un vulgaire petit complot de la garde blanche; c'était une vraie révolution, et non pas une révolution bolchévique abrutie par le pouvoir; et elle avait été déclenchée par les mêmes qui, en leur temps, avaient fait celle d'Octobre : les marins de la Baltique. (...) Je comprenais déjà, bien sûr, que la révolution était à Kronstadt, et la contre-révolution à Smolny, et non le contraire. 
Nous savons qu'en réalité la révolte de Kronstadt était non seulement révolutionnaire à l'égard du pouvoir soviétique, mais, par son idéologie, beaucoup plus à gauche et plus honnête que lui. C'est pourquoi d'ailleurs le pouvoir soviétique en a eu si peur et l'a réprimée de manière si sanglante !
De ce fait, le pouvoir soviétique est devenu non seulement conservateur, mais par-dessus le marché contre-révolutionnaire. Aucun État du monde, par son essence même, ne peut-être révolutionnaire.» (Markon)

« Le sentiment de la contradiction entre la nature et la vie existante correspond au besoin de voir cette contradiction levée; et cela se produit, lorsque la vie existante a perdu son pouvoir et sa validité, lorsqu'elle est devenue un pur négatif. » (Hegel)

« Toutefois les révolutions ne sont pas nécessairement un progrès, de même que les évolutions ne sont pas toujours orientées vers la justice. Tout change, tout se meut dans la nature d'un mouvement éternel, mais s'il n'y a pas progrès il peut y avoir aussi recul, et si des évolutions tendent vers un accroissement de vie, il y en a d'autres qui tendent vers la mort. L'arrêt est impossible, il faut se mouvoir dans un sens ou dans un autre, et le réactionnaire endurci, le libéral douceâtre qui poussent des cris d'effroi au mot de révolution, marchent quand même vers une révolution, la dernière, qui est le grand repos. » (E. Reclus)

« La concentration marquée de la propriété foncière eut pour effet que de plus en plus de Spartiates furent privés du statut de citoyen à part entière, ce qui eut des conséquences militaires désastreuses. Deux générations après son succès final, sa victoire sur Athènes dans la guerre du Péloponnèse, Sparte n'était plus qu'une cité-État d'importance relativement modeste. » (Finley)

« Si nous rattachons l'étude des fêtes à celle de la vie sociale, ce n'est pas par caprice d'auteur. L'art et la magnificence que l'Italie de la Renaissance déploie dans les fêtes qu'elle donne, n'ont pu se produire que grâce à la vie en commun de toutes les classes, qui d'ailleurs forme aussi la base de la société italienne. » (Burckhardt)

« Il n’y avait pas la culture de l’Élite, et celle du Peuple : l’une et l’autre avaient en commun les mêmes signes, qui leur permettaient de se reconnaître membres d’une même cité, et d’y trouver leur place. » (Charbonneau)

« Au cours de l'histoire, certains groupes sociaux se sont ainsi accaparé les moyens d'imposer leur vision des choses, faisant volontiers passer pour universels des récits qui, en réalité, servent leurs seuls intérêts. » (Larrère)

« Et pour les survivants, l'accablement de malheurs si violents qu'à la fin, nombreux furent ceux qui perdirent la mémoire : tout souvenir de leur vie passée fut effacé comme une éponge - totalement oblitéré, aboli; nombreux furent ceux qui perdirent la raison, certains sous la forme tranquille d'une mélancolie songeuse, certains sous la forme plus agitée du délire fébrile et du trouble nerveux, d'autres sous la forme définie de l'excitation maniaque, de la folie furieuse, ou de l'idiotie profonde. » (De Quincey)