samedi 29 septembre 2018

CARNET DE CITATIONS Société 25



« La composition du capital doit être prise en un double sens. Du côté de la valeur, elle se détermine par la proportion selon laquelle il se divise en capital constant, ou valeur des moyens de production, et capital variable, ou valeur de la force de travail, somme globale des salaires. Du côté de la matière, telle qu'elle fonctionne dans le procès de production, tout capital se divise en moyens de production et force de travail vivante. Cette composition se détermine par le rapport entre la masse des moyens de production employés, d'un côté, et la quantité de travail requise pour employer ceux-ci, de l'autre. (...) Chaque fois qu'il sera question de composition du capital sans autre précision, il faudra toujours comprendre composition organique du capital. »
« L'accumulation du capital, qui n'apparait à l'origine que comme l'élargissement quantitatif de celui-ci, s'accomplit, ainsi que nous l'avons vu, dans un changement qualitatif continuel de sa composition, dans une augmentation permanente de sa composante constante aux dépens de sa composante variable. » (Marx)

« Le terme de "réfugié économique", une création dépréciative des administrations démocratiques de la misère, se retourne à cet égard contre ses auteurs en ce qu'il pointe l'économisme planétaire du capital comme motif général de fuite. Ce ne sont à chaque fois que des formes dérivées de cette cause première du potentiel de catastrophes et de désespoir modernes qui, à des degrés divers, forment les catégories permettant de classer et les réfugiés et les motifs de leur fuite. Les "réfugiés de guerre" sont poussés par les "troubles", les guerres de pillage et de misère qui ne sont pourtant rien d'autre que la conséquence de l'échec subi par des régions globales entières face aux critères de la concurrence capitaliste. Quant aux "réfugiés de la pauvreté", ils traduisent le même motif de fuite mais d'une façon plus directe. C'est en masse qu'on les oblige à quitter leur lopin de terre, y compris par la force brute (légale et illégale dans la forme), dans le but de transformer cette même terre en grandes exploitations pour exporter des produits de consommation servant aux besoins du marché mondial et de ses gros salaires. » (Kurz)

« Dans un monde de gagnants et de perdants, les perdants ne disparaissent pas comme par enchantement : ils vont chercher un autre pays. » (Peter Stalker)

« Ce sont les masses de réfugiés fuyant la guerre civile, la misère et les ravages causés par l'économie qui provoquent l'intervention de l'impérialisme d'exclusion occidental. » (Kurz)

« On parla, au fil des temps, de démocratisation des voyages, sans se rendre compte que, bien des années plus tard - aujourd'hui -, la démocratie deviendrait pour beaucoup soluble dans la consommation. Et le tourisme devint consommation, élément majeur du devenir-économie du monde. Désormais, la libération initiale, devenue la norme, se fait oppressante : elle martyrise natures et sociétés humaines, opprime l'esprit des voyages et transforme l'hospitalité des lieux en prestations, les habitants en prestataires, les paysages en décors. Voilà où l'on est arrivé. » (Christin)

« On s'est demandé : "La vie privée est privée de quoi ?" Tout simplement de la vie, qui en est cruellement absente. Les gens sont aussi privés qu'il en est possible de communication ; et de réalisation d'eux-mêmes. Il faudrait dire : de faire leur propre histoire, personnellement. Les hypothèses pour répondre positivement à cette question sur la nature de la privation ne pourront donc s'énoncer que sous forme de projets d'enrichissements ; projets d'un autre style de vie ; en fait d'un style... Ou bien, si l'on considère que la vie quotidienne est à la frontière du secteur dominé et du secteur non dominé de la vie, donc le lieu de l'aléatoire, il faudrait parvenir à substituer au présent ghetto une frontière toujours en marche ; travailler en permanence à l'organisation de chances nouvelles. » (Debord)

«La logique pratique dont relève l'intervention des normes est traversée et impulsée par ces rapports de force sans lesquels elles seraient incapables d'agir effectivement dans la réalité : elle assure à l'ordre qu'elle promeut la capacité de s'incarner dans les faits parce qu'elle déploie entièrement les figures de nécessité qui conditionnent son efficacité sur le plan même de ces faits, ce qui confère aux actions qui en découlent un caractère naturel par lequel les élans de la volonté, qui décident de ces actions, semblent se confondre avec l'ordre des choses, alors qu'ils sont en réalité manipulés.(Macherey)

jeudi 27 septembre 2018

CARNET DE CITATIONS -Psychologie, comportement humain 13



« "Il faut vraiment restaurer mon esprit", me dis-je, et je me remets, une fois de plus, à replâtrer cette bâtisse délabrée. J'ahane donc et m'acharne à cette vaine tâche d’Édification, malgré les vents qui arrachent les tuiles, les planchers qui crèvent, les toits qui s’effondrent, les oiseaux étranges qui dressent entre les poutres des nids échevelés, et des hiboux qui chuintent et ricanent dans les cheminées croulantes. » (Logan Pearsall Smith)

« DANS LA CAGE
"Je sais ce que je dis", vociférai-je - tel un Perroquet dans la grande Cage du Monde - tout en sautillant avec ostentation de perchoir en perchoir avec des cris aigus : "Je sais ! Je sais !" » (Logan Pearsall Smith)

« Être intelligent veut dire ouvert au monde de manière qu'il puisse entrer par beaucoup de côtés. L'intelligent flaire le lointain, le caché, il a l’œil pour repérer des rapports qui ne sont pas évidents, et le doigté pour sentir et démêler les fils même quand le tissus est épais. » (Polgar)

« L'esprit s'efforce de comprendre, de se voir tel qu'il est, mais en même temps il écarte cette image de sa vision et il est fier et satisfait d'être aliéné de sa propre essence. » (Hegel)

« Il m'est venu à l'esprit qu'en agissant de la sorte, je m'étais comportée exactement comme lorsque nous refusons d'améliorer les choses qui nous entourent. Donc, je voulais prendre ce qu'il y avait de meilleur sans dépenser pour cela la moindre énergie. » (P. Romanov)

« Ceux-ci étaient en général pleins de gaité et de bonne humeur; ils pouvaient donner libre carrière à leurs idées; ils pouvaient former des projets et les mettre à exécution. Ils ne prenaient conseil que de leurs penchants. Ils ne s'étaient pas imposé cette pénible tâche à laquelle on n'est que trop assujetti dans la société des hommes, de paraître donner une approbation tacite aux choses qui vous font le plus souffrir; ils faisaient ouvertement la guerre à leurs oppresseurs. » (Godwin)

« Dès l'enfance, je me torturais l'esprit à propos des mots, les mots inconnus qui m'en imposaient, les mots étrangers qui me paraissaient tout de même familiers, comme si je les avais oubliés après les avoir entendus longtemps, très longtemps auparavant; les lettres aussi, avec lesquelles j'avais pu construire péniblement ces mots prodigieux, m'attiraient, me séduisaient mais me frustraient, me rendait malheureux. L'histoire de mon second "moi" était l'histoire des mots oubliés. Comme si toute ma vie j'avais eu quelque chose sur le bout de la langue, une chose que je n'aurais jamais réussi à exprimer; installée au coin de mon âme qu'elle torturait. » (Mihaly Babits)

« A ce jeu dangereux, qui peut savoir si c'est le désir qui trouve sa cible ou si c'est la cible qui éveille le désir ? » (Le Brun)

« Cette "sociologie" porterait sur un social pensé, en quelque sorte, à la mesure de l'individu vulnérable pour lequel l'objectivité sociale centrale n'est jamais absolument sienne, mais qu'il doit pourtant accepter et à laquelle il doit s'adapter. Une objectivité sociale qui peut même aller jusqu'au point de prendre la forme de la contrainte absurde ou de l'aliénation dégradante. » (Haber)

« Il faut pouvoir montrer comment la violence meurtrière, plutôt que comme un moment paroxystique inouï illustrant le fond abyssal de la nature humaine ou une régression catastrophique, cristallise des processus historiques d'exclusion, de réification profonde, d'assujettissement polymorphe et durable. » (Haber)

« A être trop normal, est-ce qu'on ne s'expose pas à cesser de l'être ? » (P. Macherey)