lundi 22 juin 2015

Carnet de citations - Histoire/ Historiosophie 12




« Ces socialistes sont des mainteneurs. Jusqu'au bout, jusqu'à la limite de leurs possibilités, ils ont essayé de contenir le mécontentement ouvrier, d'empêcher la révolution d'exploser. 
Que l'instauration du socialisme implique un bouleversement des structures économiques d'une part, l'emploi de la violence pour briser les résistances de la bourgeoisie d'autre part, ils ne peuvent, semble-t-il, s'y résoudre. Ils auront recours à la force pourtant, sans scrupule, impitoyablement, mais c'est pour maintenir l'ordre existant. » (Badia)

« La langue que nous parlons et que nous écrivons est pleine d’expressions, de tournures dont elle ne peut rendre compte par elle-même, et qui s'expliquent par des faits anciens, depuis longtemps oubliés, qui survivent dans l'idiome moderne comme les derniers témoins d'un autre âge. » (Darmesteter)

« Que les états faibles balancent toujours à prendre une décision et que les décisions tardives sont toujours nuisibles.
La guerre des latins en fournit encore un exemple. Les Laviniens, sollicités par eux de les secourir contre les romains, mirent tant de lenteur à se décider, qu'à peine sortis de leurs murs, on leur annonça la défaite des latins. Ce qui fit dire à Milonius, leur préteur : " que les romains leur feraient payer cher le peu de chemin qu'ils avaient fait." (Machiavel)

« La révolution dont il s'agit est une forme des rapports humains. Elle fait partie de l'existence sociale. Elle est un conflit entre des intérêts universels concernant la totalité de la pratique sociale, et c'est seulement en cela qu'elle diffère des autres conflits. » (Debord)

 Juillet 1830 – « Après quelques coups de feu le poste de la place Saint-Michel se rendit à nous. J'arrivais en remontant la rue Saint-Michel à la maison du bibliophile Jacob que j'étonnai de mes récits de victoire. A l'imprimerie de Béthune, on construisait une barricade. » (Nerval)

« Une idée morte produit plus de fanatisme qu'une idée vivante. Disons même qu'elle seule en produit, puisque les imbéciles, comme les corbeaux, sentent uniquement les choses mortes. Et ils sont tant et tant à fourmiller frénétiquement sur les choses mortes que celles-ci, parfois, semblent s'animer. » (Sciascia)

Le problème du grotesque et de son essence esthétique ne peut être correctement posé et résolu que sur les matériaux qu'offre la culture populaire du Moyen Age et la littérature de la Renaissance, et en la matière Rabelais nous éclaire de façon considérable. On ne peut arriver à saisir la véritable profondeur, les significations multiples et la force des divers motifs grotesques, que sous l'angle de l'unité de la culture populaire et de la sensation carnavalesque du monde; pris en dehors de ces dernières, ils deviennent unilatéraux, plats et pauvres. (…)Dès le XVIIème siècle, certaines formes du grotesque commencent à dégénérer en "caractérisation" statique et peinture étroite du genre. Cela par suite de la limitation spécifique de la conception bourgeoise du monde. Tandis que le véritable grotesque n'est nullement statique : il s'efforce au contraire d'exprimer dans ses images le devenir, la croissance, l'inachèvement perpétuel de l'existence : c'est la raison pour laquelle il donne dans ses images les deux pôles du devenir, à la fois ce qui s'en va et ce qui vient, ce qui meurt et ce qui naît... (Bakhtine)

« L'époque de Meiji fut celle des sieurs à moustache. Les fonctionnaires se firent pousser d'épaisses moustaches, et tout en tortillant de la main les extrémités pour former des vrilles, l'épaisse chaîne de leur montre en or lovée dans leur ceinture hekoobi, ils flânaient nonchalamment la canne en l'air, toisant de haut les temps modernes. » (Mitsuharu Kaneko)