jeudi 7 juillet 2016

Carnet de citations - Poésie 5



                                               
                                                         KURT SCHWITTERS



« Combien de belles "étoffes de mots et de rêves" aurait-il le temps de tisser, avant que la froide main de la mort ne s'abatte sur lui ? Ce pari lui semblait fastueux. Il écrivit avec la hâte du voyageur qui sent l'heure du départ approcher. Et laissa, de fait, quelques beaux tissus de rêves et de mots. » (Nakajima Atsushi)

« Je crois te voir, ô Villon, l’hiver, alors que le glas fourre d’hermine les toits des maisons, errer dans les rues de Paris, famélique, hagard, grelottant, en arrêt devant les marchands de beuverie, caressant, de convoiteux regards, la panse monacale des bouteilles.
Je crois te voir, exténué de fatigue, las de misère, te tapir dans un des repaires de la cour des Miracles, pour échapper aux archers du guet, et là, seul dans un coin, ouvrir, loin de tous, le merveilleux écrin de ton génie.
Quel magique ruissellement de pierres ! Quel étrange fourmillement de feux ! Quelles étonnantes cassures d’étoffes rudes et rousses ! Quelles folles striures de couleurs vives et mornes ! » (Huysmans)

« Je ris et mon rire ne passe pas dedans
Je brûle et ma brûlure n'apparaît pas au dehors » (Machiavel)

« La grand'ville a le pavé chaud,
Malgré vos douches de pétrole,
Et décidément, il nous faut
Vous secouer dans votre rôle...
(Chant de guerre parisien - mai 1871 – Arthur Rimbaud)

« Devrais-je alors te parler des couleurs ? Il y a un bleu incroyable et très dense, il revient tout le temps, un vert comme de l'émeraude fondue, un jaune qui tire vers l'orangé. Mais que sont les couleurs si la vie la plus intime des objets n'en jaillit pas ! » (Hofmannsthal)

« Car les mots,
les plus beaux mots,
on ne les a pas vus soudain disparaître
comme les feuilles à l’automne.
Non, au contraire,
l’un après l’autre, on les a sourdement massacrés,
mais en leur laissant un semblant de vie,
cadavres prêts à servir d’habits neufs à l’horreur. » (Ivsic)

« J'aime venir au "café", à la tombée du jour. Quelquefois, j'ai l'impression, ou peut-être l'illusion, que ce rendez-vous est le lointain reflet de la Table ronde de la légende. Comme s'il y avait eu depuis toujours quelques hommes à se réunir dans la nuit du monde pour refuser le cours des choses. » (Ivsic)

« la feuille
de l'eau
sur le rêve de l´herbe » (Radovan Ivsic)