mardi 24 février 2015

CARNET DE CITATIONS Société 11




« Le parallélisme entre l’idéologie et la schizophrénie établi par Gabel (La Fausse Conscience) doit être placé dans ce processus économique de matérialisation de l’idéologie. Ce que l’idéologie était déjà, la société l’est devenue. La désinsertion de la praxis, et la fausse conscience anti-dialectique qui l’accompagne, voilà ce qui est imposé à toute heure de la vie quotidienne soumise au spectacle ; qu’il faut comprendre comme une organisation systématique de la « défaillance de la faculté de rencontre », et comme son remplacement par un fait hallucinatoire social : la fausse conscience de la rencontre, l’« illusion de la rencontre ». Dans une société où personne ne peut plus être reconnu par les autres, chaque individu devient incapable de reconnaître sa propre réalité. L’idéologie est chez elle ; la séparation a bâti son monde. » (Debord)

« Ne pas se laisser aller au dernier
Il y a des hommes de dernière impression (car l'impertinence va toujours à quelque extrémité); ils ont un esprit de cire; le dernier y met le sceau, et efface tous les autres. Ces gens-là ne sont jamais gagnez, parce qu'on les perd avec la même facilité; chacun leur donne sa teinture, ils ne valent rien pour confidens; ils sont enfans toute leur vie, et, comme tels, ils ne font que flotter parmi le flux et le reflux de leurs sentiments et de leurs passions; toujours boiteux de volonté et de jugement, parce qu'ils se jettent tantôt d'un coté, tantôt de l'autre. » (Gracian)

« Aux États-Unis et dans la plupart des pays d'Europe centrale, il y a aujourd'hui plus d'hommes emprisonnés que dans n'importe quelle dictature militaire. » (Krisis)

« Les titres, les mandats gouvernementaux ne sont bons que pour les nullités qui, trop lâches pour être quelque chose par elles-mêmes, veulent paraître. Ils n'ont de raison d'être que pour la raison de ces avortons. » (Déjacque)

« L'autorité, c'est l'unité dans l'uniformité ! La liberté, c'est l'unité dans la diversité. » (Déjacque)

« Et s'il a pu être dit de ce qui s'apparente à une "conspiration du bruit" qu'elle était l'organisation du silence, c'est qu'elle répondait à cette définition : tout s'exprime, mais rien n'est susceptible d'être entendu; tout s'écoute, mais rien n'est en mesure d'être compris. » (Ouldamer)

« La vérité du discours dominant se comprend alors comme un renversement des sens du vocabulaire qui finit par d'identifier et être identifié aux ersatz des anciennes réalités qu'auparavant il définissait : la "communication" définira la pesanteur du silence autant que son organisation, la "liberté" désignera le devoir de servitude à l'égard de la marchandise émancipée. » (Ouldamer)

« Rien ne gâte plus la conversation que le désir d'y montrer de l'esprit. C'est un défaut auquel personne n'est aussi sujet que les gens d'esprit eux-mêmes, et dans lequel ils tombent plus fréquemment lorsqu'ils sont ensemble. Ils regarderaient leurs paroles comme perdues s'ils avaient ouvert la bouche sans dire quelque chose de spirituel. » (Swift)

« Certainement, il avait fallu toute l'épaisse vulgarité d'une époque à laquelle l'économie tint lieu de métaphysique pour faire de la pauvreté une notion économique. » (Tiqqun)

« La conjuration est celle du silence sur le continuum vide de l'ennui. » (Cesarano)

« Que craignent-ils de perdre désormais, les hommes, après que la perte s’est insinuée dans chacun de leurs moments, dans le contenu réel de tout échange? Eux qui se tiennent en la non-liberté, ils ne peuvent qu’y voir la frustration renouvelée. » (Cesarano)

vendredi 6 février 2015

CARNET DE CITATION -Psychologie, comportement humain 9



« … C’est fâcheux.
Mon encéphale est désaccordé.
Impossible de remettre mon entendement
au diapason des volitions cosmiques à la mode. » (Pansaers)

« C'est ici même que j'ai fait la connaissance de Germaine, qui me chuchotait entre autre chose : "C'est possible que je serais bonne, si je savais pourquoi." Je l'avoue sournoisement : j'ai littéralement pâli de plaisir. » (Serner)

« Bien entendu, je ne cherche, à dire vrai, absolument pas à me cogiter (ergo sum). » (Serner)

« Trait caractéristique de toute racaille bourgeoise : rabaisser les autres avec suspicion afin de canaliser le danger qu'ils représentent et assurer ainsi la grandeur de sa (propre ?) estime de soi. » (Serner)

« Il y a en effet beaucoup de gens qui lisent uniquement pour être dispensés de penser. » (Lichtenberg)

« Les rêves se perdent graduellement dans la veille, on ne peut pas dire où commence la veille d'un homme. » (Lichtenberg)

« Je me suis toujours interdit de penser à l'avenir : s'il m'est arrivé de faire des projets, c'était par pure concession à quelques êtres et seul je savais quelles réserves j'y apportais en mon for intérieur. » (Breton)

« Freud, à chaque pas de sa théorie, n'oubliait pas que ce qui est intériorisé par l'individu est de la violence. » (Adorno)

« Il aimait flâner dans l'attente de l'imprévisible. » (Albert Cossery)

« Chacun peut déchiffrer l'expérience de sa propre vie, mais rares sont ceux qui veulent le faire. » (Nadejda Mandelstam)

« La conscience de ces gens, devenue sourde à leur propre souffrance, n'est pourtant pas muette. Les mêmes médecins ont ainsi découvert - toujours chez leurs malades - " une forme de pensée utilitaire, une tendance à diriger exclusivement leur réflexion vers le monde extérieur" et même " à utiliser sans cesse leur activité pour ne laisser aucune place à leur propre envahissement émotionnel, ressenti, à juste titre, comme menaçant ". Toute leur conduite est élaborée " de façon à éviter d'être blessé, ou seulement effleuré ". Ces malheureux, socialement très actifs, sont, en réalité, des plaies à vif. » (Bounan)

« Les êtres humains n'ont aucun soupçon d'eux-mêmes et ne voient pas les choses les plus simples en eux et en autrui. Nous n'apprenons plus à comprendre les choses à partir d'elles-mêmes. On nous désapprend artificiellement à véritablement voir, entendre et sentir, de sorte que nous ne sommes finalement plus rien d'autre que des poupées qui sont remontées et qui jacassent.
Tout en nous est devenu machinal; mais ce qui devrait être compris, ce qui est dedans l'être humain, ça nous échappe. » (Groddeck)

Rien ne gâte plus la conversation que le désir d'y montrer de l'esprit. C'est un défaut auquel personne n'est aussi sujet que les gens d'esprit eux-mêmes, et dans lequel ils tombent plus fréquemment lorsqu'ils sont ensemble. Ils regarderaient leurs paroles comme perdues s'ils avaient ouvert la bouche sans dire quelque chose de spirituel. (Swift)