dimanche 18 février 2018

Carnet de citations - Société 23




« Le conformisme des hommes de lettres leur dissimule le monde dans lequel ils vivent. Et ce conformisme est le fruit de la peur. Ils savent que la fonction de l'intelligentsia, pour la bourgeoisie, n'est plus de représenter à long terme ses intérêts les plus humains. » (Benjamin)

« Ceux-ci étaient en général pleins de gaité et de bonne humeur; ils pouvaient donner libre carrière à leurs idées; ils pouvaient former des projets et les mettre à exécution. Ils ne prenaient conseil que de leurs penchants. Ils ne s'étaient pas imposé cette pénible tâche à laquelle on n'est que trop assujetti dans la société des hommes, de paraître donner une approbation tacite aux choses qui vous font le plus souffrir; ils faisaient ouvertement la guerre à leurs oppresseurs. » (W. Godwin)

« Rien n'était plus facile que de prévoir qu'il ne lui servirait de rien d'avoir le bon droit de son coté, quand son adversaire avait du sien la richesse et le crédit pour légitimer tous les excès qu'il jugerait à propos de commettre. La richesse et le despotisme savent bien les moyens de s'étayer dans leur oppression de l'appui de ces mêmes lois. » (Godwin)

« C'est un fait que tous les totalitarismes ont en commun une sorte de peur de la dialectique; aucun n'aime non plus que l'on touche de trop près au problème de l'inconscient.
(...) Un schizophrène dort en chacun de nous; les totalitaires le réveillent pour le mettre à leur service. Tel est, à notre sens, l'essentiel des rapports généraux de l'aliénation et de l'esprit totalitaire. » (Gabel)

« Le progrès technique n'a pas ouvert la porte de notre prison : il nous a fait simplement changer de cellule. » (Gabel)

« Ce n'est pas un monde où j'ai envie de vivre. C'est un monde fait pour des monomaniaques obsédés par l'idée de progrès... mais d'un faux progrès qui pue. (...) Le rêveur aux songeries non utilitaires n'a pas sa place dans ce monde. En est banni tout ce qui n'est pas fait pour être acheté et vendu. » (H. Miller)

«Avoir de la conscience apparaît alors comme une des caractéristiques objectives, parmi d'autres, de ces êtres objectifs que sont les hommes : parmi les caractères ou les qualités des êtres naturels et objectifs qu'on appelle les hommes, il y a le fait d'avoir de la conscience, d'avoir la conscience du monde, des autres et de soi - mais il faut se garder du geste métaphysique qui opère par la transformation de cette qualité en un attribut essentiel ou qui hypostasie la conscience comme l'essence même de "l'homme" comme tel. Contre cette hypostase, il faut rappeler, comme Marx le fait constamment, que la qualité consistant à "avoir de la conscience" est inséparable d'autres qualités que possèdent aussi les hommes, et notamment de la caractéristique objective en vertu de laquelle les hommes sont des êtres de rapports, des êtres en rapport avec le monde naturel et historique objectivement existant, en rapport les uns avec les autres et en rapport avec soi-même. » (Fischbach)

«  Ma conscience, c'est mon rapport avec ce qui m'entoure. » (Marx)

« Il s'agit simplement de pointer la vanité "scientifique" du concept d'économie de subsistance qui traduit beaucoup plus les attitudes et habitudes des observateurs occidentaux face aux sociétés primitives que la réalité économique sur quoi reposent ces cultures. Ce n'est en tous cas pas de ce que leur économie était de subsistance que les sociétés archaïques "ont survécu en état d'extrême sous-développement jusqu'à nos jours". Il nous semble même qu'à ce compte-là c'est plutôt le prolétariat européen du XIXème siècle, illettré et sous-alimenté, qu'il faudrait qualifier d'archaïque. En réalité, l'idée d'économie de subsistance ressortit au champ idéologique de l'Occident moderne, et nullement à l'arsenal conceptuel d'une science. » (Clastres)

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