jeudi 3 septembre 2020

Carnet de citations - Société 31

 

« Nous pourrions ainsi remonter loin dans le temps et nous nous rendrions compte que ce qui a disparu peu à peu ce fut le goût des autres, la vie sociale dans ce qu’elle a de sensible et pour tout dire dans ce qu’elle a d’humain ; cela en dépit de toutes les bourrasques qui l’ont traversée. Nous sommes accrochés à cet aspect sensible du vécu et il disparaît peu à peu. Au fil des ans, la vie sociale se dégrade progressivement. Nous allons vers un isolement de plus en plus grand, vers une absence de vie sociale dans le sens d’une vie avec les autres. Cette vie avec les autres implique un savoir-vivre, que nous avons perdu à la longue, elle implique une manière d’être liée à la conscience d’entrer comme sujet dans une relation avec d’autres sujets. Nous avons tenu bon et puis tout s’est effiloché peu à peu sans que nous en prenions conscience, nous nous sommes retirés en nous-mêmes comme la mer se retire ne laissant plus qu’une plage désertée. » 

 (G. Lapierre)


« Il n’est pas si facile de disparaître, mais se rendre invisible aux yeux qui ne voient plus, muets aux oreilles qui n’entendent plus, rien de bien compliqué... » (Métie Navajo)


« Les rêves transhumanistes ne sont pas des rêves à vocation universelle. Ils sont les chimères des dominants qui croient pouvoir échapper, dans le confort aseptisé de leurs cités "intelligentes", au chaos mondial qu’eux-mêmes participent à provoquer. Qui, d’ailleurs, peut encore croire à un Progrès universel ? La hausse continue des budgets de l’armement, les préparations à la guerre "augmentée", la fusion du militaire et du policier, montrent au contraire que les dominants se préparent activement à la conservation violente de leur position privilégiée. » (J. Luzi)


« Oui, nos ennemis on peut aujourd’hui comme hier les identifier. On nous les re-présente tous les jours. C’est une des sources du dégoût que dégage notre époque que de devoir en subir la grotesque agitation dans le triste décor de la représentation politique. » (Rafanell i Orra)


« Avec la pandémie du Covid-19, un facteur de crise inattendu est apparu - l'essentiel n'est pourtant pas le virus, mais la société qui le reçoit. Que ce soit l'insuffisance des structures de santé frappées par les coupes budgétaires ou le rôle possible de la déforestation et de l'agriculture industrialisée dans la genèse de nouveaux virus d'origine animale, que ce soit le darwinisme social incroyable qui propose (et pas seulement dans les pays anglo-saxons) de sacrifier les "inutiles" à l'économie ou la tentation pour les États de déployer leurs arsenaux de surveillance : le virus jette une lumière crue sur les coins sombres de la société. » (De virus illustribus -Collectif)


«  Le Covid-19 fournit une réalité identifiable à la menace d'une catastrophe innommable qui couvait déjà de tous les cotés (...). Le virus autorise tout à coup à fermer les frontières pour les meilleures raisons. Il permet aussi de renvoyer les contestataires du monde entier à la maison. Il justifie le renforcement de toutes les mesures d'exception et de la société de surveillance qui font déjà partie du programme de sauvetage du capitalisme (au nom bien sûr du sauvetage de la vie humaine). (De virus illustribus -Collectif)


« Dans ce contexte, affirmer le caractère "contre-insurrectionnel" des mesures de contrôle de la population ne relève pas nécessairement d'une théorie de la conspiration (...). Si les États n'ont pas pu prévoir la pandémie, il est en revanche sûr qu'ils avaient déjà des stratégies toutes prêtes pour profiter d'une période de troubles. » (De virus illustribus -Collectif)


« Ainsi l’Etat et le marché n’ont jamais été des institutions antithétiques ou opposées comme ont toujours voulu le croire la bourgeoisie libérale comme la gauche altercapitaliste pensant que l’affirmation de la socialisation étatique des moyens de production s’opposait au business as usual. Si chacune des extrémités de la relation polaire entre l’État et le marché peut prendre une importance plus ou moins grande en fonction des configurations successives du capitalisme, elles ne s’excluent jamais et s’auto-présupposent l’une l’autre : étatisme ou libéralisme, dictature politique ou dictature du marché autorégulé, c’est toujours le capitalisme. Le capitalisme d'Etat et le capitalisme de la « libre » concurrence se révèlent être les deux faces de la même médaille. » (Clément Homs)


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