vendredi 17 février 2023

Carnet de citations - Société N° 36

 

Pendant une brève période seulement, l'enfant ne vit plus uniquement d'une vie végétative et pas encore avec la liberté de l'esprit, il vit, dans le jeu, pur et intact. C'est l'âge d'or de chaque existence humaine, le trésor le plus délicieux du souvenir, qui illumine toute la vie de son éclat, et que nous ne pouvons oublier, même s'il nous est impossible de nous représenter cette époque disparue. (Eugen Fink)


Ce que l'homme gagne sur la nature en la soumettant toujours davantage contribue à le rendre d'autant plus faible. En faisant exploiter la nature par toutes sortes de machines, l'homme ne supprime pas la nécessité du travail, mais il le repousse seulement et l'éloigne de la nature, et ainsi l'homme ne se tourne pas d'une manière vivante vers la nature en tant qu'elle est une nature vivante. Au contraire, le travail perd cette vitalité négative et celui qui reste encore à l'homme devient de plus en plus mécanique. Le travail n'est diminué que pour l'ensemble, non pas pour les individus (travailleurs) pour lesquels, au contraire, il s'accroît plutôt, car plus le travail devient mécanique, moins il a de valeur et plus l'homme doit travailler de cette façon. (Hegel)


Nos grandes transformations physiques ont été accomplies par un système qui élimine délibérément la personnalité humaine dans sa totalité, ne tient aucun compte du processus historique, exagère le rôle de l'intelligence abstraite, et fait de la domination de la nature physique, et finalement de l'homme lui-même, le but principal de l'existence. (Lewis Mumford)


Beaucoup parlent aujourd’hui, avec une joie mauvaise, du désenchantement du monde. Voire de sa fin prochaine. C’est même le thème favori de tant de livres qui encombrent les étals des librairies. Ressasser ce malheur fait vendre. Mais pourtant, je sais bien qu’il suffit de me retrouver dans le miroitement du monde pour éprouver de nouveau la joie. Ce monde est là, et même s’il semble prêt de disparaître, c’est notre propre fin que nous imaginons. Notre joie consiste, par-delà la peur, à relever ces vraies richesses, à s’y mêler tant qu’on peut, en s’en prenant aussi, inlassablement, à ceux qui veulent nous en priver. (Sahagian)


Comment expliquer que notre époque se soit livrée si facilement aux contrôleurs, aux manipulateurs, aux conditionneurs d'une technique autoritaire ? (Mumford)


L'ignorance organisée relève de l'idéologie et non du mensonge, car c'est l'idéologie qui participe de la définition des conditions de production et d'usage de la connaissance, et qui structure, normalise et formate les conditions de transformation de la connaissance en action ou en inaction. (Ribault)


La rareté des réponses populaires aux crises ou, ce qui revient au même, l’inexistence d’un sujet social, historique – d’une classe véritablement antagoniste – s’explique par le simple fait que la majorité de la population est l’otage de l’économie, dépendante entièrement d’elle car prisonnière de ses besoins. Son imaginaire et tous ses moments vitaux ont été colonisés par le capital. (Amoros)


De manière étrange, il semble que pour l'Occident mondialisé, le bonheur doive aller de pair avec l'infantilisation généralisée, avec le vide de la pensée, avec l'oubli de la mort et de la tristesse (comme si la tristesse n'était pas un sentiment humain et humanisant). (Marc Weinstein)


Toute la société capitaliste, c'est-à-dire l'ensemble de ses rapports sociaux, est structuré par ce travail, par les rapports de production dans le travail, la propriété des moyens de travail, la répartition du travail, l'éducation pour le travail, les luttes pour les conditions de travail et les salaires. (...) S'attaquer à la cause profonde des catastrophes écologiques, c'est bien s'attaquer à ce travail qui est l'agent actif des rapports hommes/nature, qui produit et reproduit, à travers toutes les crises et catastrophes que nous connaissons, les rapports de propriété, de possession et de production qui définissent le capitalisme, déterminent ce qu'il produit, comment il le produit, dans quel but il le produit, et avec quelles conséquences sur les hommes et la nature. (Tom Thomas)


Et de toutes ces choses, la plus décisive et sans doute la plus difficile, c’est bien que s’élaborent et se diffusent dans les têtes un idéal, un projet, et un programme à la hauteur de notre situation historique – à la hauteur de la catastrophe écologique et de la crise majeure de civilisation qui l’accompagne. Quelque chose donc en rupture totale avec l’idéologie et le mode de vie dominant, qui se sont si bien imposés et règnent presque sans partage depuis des décennies. (Anonyme)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire