vendredi 31 mai 2019

CARNET DE CITATIONS -Psychologie, comportement humain 14


« J'ai essayé d'interpréter le rationalisme morbide comme une obsession de l'identité. L'identification est une dimension essentielle du cheminement de la pensée mais c'est un facteur statique qui doit être contrebalancé par l'intuition du divers dont la fonction est de maintenir le contact avec la réalité. » (Gabel)

« Le problème de la fausse conscience est lié à celui de l'aliénation dans son double aspect social et individuel (clinique). (...) Il peut donc être interprété en termes marxistes, comme la manifestation d'une psychologie réifiée. C'est donc une forme d'aliénation à la fois dans le sens marxiste et au sens psychiatrique du terme. C'est là le point d'articulation avec la théorie de la structure schizophrénique de la fausse conscience. » (Gabel)

« Le rôle que joue le menteur est un rôle extérieur à son personnage. La liberté du menteur n'est qu'apparence. Du point de vue anthropologique le mensonge apparaît donc comme un phénomène périphérique de la psychopathologie. Ce sont probablement les mêmes forces - ou plus exactement les mêmes faiblesses - qui obligent telle personne à se réfugier dans le délire et telle autre à essayer d’avancer dans la vie sur les fragiles béquilles du mensonge. » (Gabel)

« Un homme ne peut redevenir enfant, sous peine de tomber dans la puérilité. Mais ne prend-il pas plaisir à la naïveté de l'enfant et, ayant accédé à un niveau supérieur, ne doit-il pas aspirer lui-même à reproduire sa vérité ? » (Marx)

« Le sentiment d'impuissance accompagne tous les êtres humains à travers leur existence. Aussi longtemps que l'idée d'infériorité se rattache à l'espoir, elle stimule la vie; dans l'ambition, la soif d'apprendre, l'aspiration à compenser les dons déficients, elle libère des forces spirituelles et corporelles. Mais s'y associe-t-il le doute, ou même le désespoir, alors la plénitude de la vie décline. Le ça en l'homme se détend et le plonge dans l'épuisement, la fatigue; et, moitié pour excuser l'échec, moitié pour gagner le temps nécessaire à rassembler de nouvelles forces, il le fait tomber malade. » (Groddeck)

« Le but de la révolution est la suppression de l’angoisse. C’est pourquoi nous n’avons pas à nous angoisser devant elle, ni non plus à ontologiser notre angoisse. » (Adorno)

« Puisque chaque sentiment particulier n'est que la vie partielle, et non la vie tout entière, la vie brûle de se répandre à travers la diversité des sentiments, et ainsi de se retrouver dans cette somme de la diversité. Dans l'amour, le séparé existe encore, mais non plus comme séparé : comme uni, et le vivant rencontre le vivant. » (Hegel)

« La psychanalyse était à l'origine une théorie radicale, pénétrante et libératrice. Elle a peu à peu perdu ce caractère, elle est entré en stagnation, parce qu'elle n'a pas réussi à développer sa théorie face au changement de la situation humaine; au contraire, elle s'est retirée dans le conformisme et la recherche de la respectabilité. » (Fromm)

« ... ceux qui ne souffraient pas de symptômes bien circonscrits mais d'un malaise général. Pour opérer un changement qui ait un sens, il aurait fallu que ces derniers puissent voir ce qu'est une personne non aliénée et ce que veut dire une vie centrée sur l'être et non sur l'avoir ou l'utilisation. Mais une telle intuition aurait exigé une critique radicale de la société dans laquelle ils vivaient, de ses normes et de ses principes manifestes et surtout cachés; il aurait fallu avoir le courage de trancher des liens réconfortants et protecteurs et de se trouver ainsi en minorité. Cela aurait demandé plus de psychanalystes, qui ne soient pas, eux-mêmes, pris dans la confusion psychologique et spirituelle d'une vie industrialisée et cybernétisée. » (Fromm)

6 commentaires:

  1. Merci pour ces utiles rappels.
    Cela me donne envie de lire, enfin, le trop méconnu E. Fromm.
    Bien à vous

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  2. Salutations Promeneur,
    Oui, Erich Fromm est l'un des premiers a avoir compris que l'embourgeoisement de la psychanalyse, son refus de se confronter à l'aliénation sociale, allait la condamner à l'insignifiance; qu'au lieu d'être un puissant instrument de libération comme elle le fut au départ, elle devenait un triste outil d'adaptation aux normes de la domination.
    Mais le milieu, dans sa grande majorité, a préféré continuer à faire la sourde oreille.Certains doivent même être "macroniste", ahah !
    Bonne journée à vous.

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  3. Je vous recommande, cher Steka, la lecture du livre de Pierre Eyguesier, "Psychanalyse négative", publié, je crois, aux éditions de la Lenteur.
    Ce psychanalyste y pourfend cette psy vouée à l'adaptation et défend la pratique d'une psychanalyse qui ne craint pas de faire rentrer l'aliénation dans son cabinet. C'est ce que j'ai pu lire de plus stimulant sur le suejt depuis des années.
    Bonne journée

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    1. Bonjour Promeneur,
      Je vois que, fort logiquement, nous avons de nombreuses lectures communes. Mais il faut dire que sur un sujet aussi important et aux conséquences aussi désolantes, les références sont plutôt rares. Comme si le milieu de la psychanalyse s'était lui-même très majoritairement "adapté" aux exigences de la domination marchande; sans se rendre compte qu'il y perdait quasiment sa raison d'être et finalement toute dignité. J'avais à l'époque écrit une petite recension de l'ouvrage et relevé quelques extraits. https://www.babelio.com/livres/Eyguesier-Psychanalyse-negative/719397
      Malheureusement, comme beaucoup des livres importants de l'époque, celui-ci n'est quasiment pas lu; arrivant trop tard probablement et alors que la psychanalyse n'intéresse plus en dehors des milieux affiliés à l'utilitarisme - un comble !
      L'inconscient est redevenu le diable pour beaucoup, rejoignant tout ce que cette époque préfère mettre "de coté". Les places de prison ne seront par contre jamais assez nombreuses, semble-t-il.
      Bien cordialement à vous.

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  4. Bonjour à vous,

    c'est vrai qu'il existe peu de références sur cette question. Si vous en possédez, je suis preneur.
    Et vous avez raison, l'inconscient est devenu un diable bouté hors de bien des chapelles. Le déni ici, et dans d'autres domaines aussi, semble devoir tout recouvrir.
    J'admets cependant que faire preuve d'un minimum de lucidité, aujourd'hui, demande de plus en plus de courage.
    Bien à vous

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  5. Une petite recherche sur les collaborations de Pierre Eyguesier m'a mené à ce livre "L'héritage politique de la psychanalyse - Pour une clinique du réel" de Florent Gabarron-Garcia aux Éditions de La Lenteur, paru en mars 2018. Livre que je vais certainement me procurer mais je ne peux vous en dire plus à ce stade. Peut-être aurons-nous l'occasion d'en parler ultérieurement.
    Bonne soirée à vous.

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