mercredi 4 août 2021

La fabrique de la servitude


 

Ainsi, il aura suffit d’un prétexte sanitaire aux objectifs pour le moins douteux pour nous précipiter dans une ère du contrôle général des populations et de leur asservissement à la raison d’État. Raison d’État qu’il serait désormais bien difficile de distinguer de la raison du capitalisme mondialisé.

Une situation difficilement imaginable dans un pays comme la France il y a encore quelques décennies mais que deux circonstances bien particulières laissaient présager depuis quelque temps. A savoir la corrélation entre la destruction systématique des liens sociaux entreprise par le capitalisme en ces mêmes dernières décennies et sa mise en œuvre de technologies bien particulières ayant pour effet principal la généralisation de cette destruction. Après s’être présentées très habilement, dans un premier temps, comme services nouveaux et facilités aux personnes, ces technologies se sont rapidement imposées dans un second temps comme « indispensables », puis finalement comme quasiment obligatoires par l’effet de marginalisation automatique de ceux qui s’y refuseraient.

Certes, aucune société véritable et vivante ne se serait engagée en un tel processus et il a fallu préalablement que cette société s’étiole et se meure en devenant cette Société du spectacle que le capitalisme a commencé à nous concocter il y a bientôt un siècle. Rappelons pour l’occasion que le Spectacle, pour chaque être humain, est ce reniement permanent de lui-même, par lequel il essaye de devenir marchandise pour pouvoir complaire à un monde qui désormais ne reconnaît plus rien d'autre.
Mais pour la domination, le spectacle est l'instrument qui permet de contraindre à cette misère grâce à l'Économie politique devenant "idéologie matérialisée".
La conséquence la plus grave de la domination spectaculaire-marchande pour notre réalité humaine, celle que tout le monde ne peut que constater aujourd’hui (souvent sans en identifier la source), fut sans aucun doute pour finir la séparation généralisée des individus. Car réduits par l’économie politique à se comporter eux-mêmes comme des marchandises particulières, ces individus ont du en adopter la logique centrale : la concurrence généralisée.

Et c’est pourquoi, face au dictât de la représentation étatique du capitalisme, la plupart se retrouvent désormais bien seuls et sans autre choix que d’obtempérer aux ordres pour simplement pouvoir se donner l’illusion de continuer à vivre. Puis de trouver, avec l’aide aimable et intéressée des médias officiels, les justificatifs à ce renoncement. Puis, en cette pseudo-société de la séparation généralisée, de l’égotisme institutionnalisé, de reprocher absurdement aux réticents à la servitude un manque de solidarité.

Jamais encore nous n’avions été confrontés à un tel degré à ce qu’un auteur d’outre-atlantique appela en son temps la fabrique du consentement ; qu’il serait plus juste de désigner tout simplement désormais comme la fabrique de la servitude.

A plus ou moins court terme, c’est l’ensemble des zones géographiques « modernisées » selon les critères spécifiques du capitalisme contemporain (coucou la Chine) et donc l’ensemble des populations qui voudront continuer à y demeurer qui devront se plier à ces nouvelles règles. Non pas temporairement comme certains veulent faire mine de le croire mais sous un mode habituel qui n’ira qu’en se renforçant. En ces circonstances là, la seule alternative pour les réfractaires, les mauvais citoyens de cette cité là, consistera à migrer dans les zones d’abandons du capitalisme, celles-la même que les effets de son incessante « croissance » ont ruiné de manière quasi définitive et que les conséquences climatiques de cette même croissance aveugle vont finir d’achever. L’accueil, en prime, à l’image de celui dont à fait preuve l’entité européenne ces dernières années risque, subsidiairement, d’y être peu enthousiaste.

L’époque dans laquelle nous rentrons a ceci de particulier que tous ceux qui espèrent en un autre monde où la solidarité et l’appartenance à un monde commun feraient enfin sens, ou l’égalité ne serait pas un vain mot, où chacun aurait la possibilité d’épanouir ses talents particuliers en prenant place dans la communauté, bref qui espèrent encore en un monde humain, ne peuvent plus se permettre d’attendre.

C’est dans l’immédiat des mois à venir, au mieux d’une poignée d’années, que les choses vont se jouer. Soit nous trouvons le moyen de nous débarrasser du monde abominable auquel est en train d’aboutir le capitalisme et ses affidés, soit l’avenir n’aura plus, pour nous et nos enfants, aucun sens. Chacun se doit donc de faire front et de réunir toutes ses ressources et son énergie avec ceux qu’il reconnaît comme ses semblables. Tenter l’impossible est bien désormais devenu le plus raisonnable.


Stéka, 3 août 2021

1 commentaire:

  1. Salut, camarade, à l'occasion de cette contribution claire et distincte qui ne dit rien d'outrancier.
    amitiés,
    Marwan

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