vendredi 30 janvier 2015

Logique du terrorisme - Michel Bounan

Parution août 2003

 Le principal reproche que l'on puisse formuler aux thèses de Michel Bounan, c'est qu'elles ne sont pas lues.
La meilleure critique consiste donc à les mettre quelque peu en lumière dans un contexte approprié.
C'est à dire souvent.
"L'examen, même superficiel, des entreprises terroristes menées depuis plus d'un siècle nous révèle leur inefficacité totale selon les critères politiques affichés par les terroristes eux-mêmes. Y compris pour le terrorisme d’État. Ni les bombardements de Londres en 1940, ni ceux de Dresde ou d'Hiroshima en 1945, ni ceux de Bagdad avant l'invasion de l'Irak n'ont réussi à détacher les populations civiles de leurs gouvernements; bien au contraire, comme on pouvait s'y attendre. Il faut donc croire que ces attentats terroristes avaient d'autres objectifs politiques ..."
"A cette phénoménale incompétence de la police, des services de renseignements et des équipes de contre-terrorisme, associée à la stupidité gigantissime des terroristes quant aux résultats prétendument recherchés de leurs opérations criminelles, il faut ajouter encore la folle irresponsabilité des médias, qui semblent servir à plaisir les entreprises terroristes. "
"L'incompétence de la police et des services de renseignements, incompétence proclamée par cette police et par ces services après chaque attentat terroriste, leurs mea-culpa récurrents, les raisons invoquées de leurs échecs, fondées sur l'insuffisance dramatique de crédits ou de coordination, ne devraient non plus pouvoir convaincre personne. Simplement, la tâche première et la plus évidente d'un service est de faire savoir qu'il n'existe pas ou, du moins, qu'il est très incompétent et qu'il n'y a pas lieu de tenir compte de son existence tout à fait problématique. Mais toute l'histoire de notre dernier siècle montre que ces services existent bel et bien et qu'ils ont toujours été très compétents et très efficaces. Ils sont mieux équipés techniquement qu'ils ne l'ont jamais été. "
"Beaucoup de gens observent encore que le mépris du système économique actuel pour notre simple survie biologique ne donne pas un grand prix à cette protection contre la mort que nous promettent les gouvernements occidentaux en échange de notre soumission à leurs directives suicidaires. "
"Car le triomphe de l'économie aboutit nécessairement à l'impasse suivante : ses succès détruisent les conditions mêmes de la vie, la sauvegarde de ces conditions exige des efforts de moins en moins supportables économiquement, et il y aura bientôt de moins en moins de richesses, humaines ou autres, à gérer. Le monstre économique meurt de son propre succès, comme le cancer qui envahit un organisme vivant et qui finit par mourir lui-même de l'épuisement terminal de sa victime.
Au cours de cette descente vers la mort, c'est-à-dire dès maintenant, les dirigeants mafieux de notre monde moderne vont devoir se maintenir face à des populations de plus en plus nombreuses dont les conditions de vie sont de moins en moins tolérables, et sans illusions sur la nature de leurs gouvernants - alors que le terrorisme moderne prouve que cette illusion est nécessaire à la conservation du pouvoir actuel. Voilà qui promet des affrontements confus et de longue durée, mais où la victoire est impossible pour qui détruit ses propres bases à chacun de ses succès.
Dans l'autre camp, au contraire, pourront se faire, à chaque instant de cette longue guerre, les choix décisifs entre la servitude, le découragement, l'impuissance argumentée, qui conduisent de plus en plus vite à la mort, et le rejet d'un ordre du monde qui ne doit son maintien actuel qu'aux entreprises criminelles de gestionnaires mafieux."

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