mercredi 16 avril 2014

CARNET DE CITATIONS Société 4



« A partir de ce moment-là je goûtai un ennui que je n'avais jamais éprouvé. A l'époque je n'en comprenais pas la raison ; ensuite il me sembla qu'il s'expliquait ainsi : si les propositions de quelqu'un rencontrent l'approbation, il sera encouragé à avancer, si elles rencontrent l'opposition, il sera encouragé à lutter, mais si ses cris, lancés parmi des inconnus, ne suscitent aucune réaction, dans un sens ou dans l'autre, il se retrouve impuissant au milieu d'une terre vaine infinie - quelle tristesse ! Alors, je donnai à ce que j'éprouvais le nom de solitude. » (Lu Xun)

« Mais sur l'essentiel, la décence ordinaire ne transige pas. Les petites gens ont eu à subir depuis si longtemps les injustices, qu'elles éprouvent une aversion quasi instinctive pour toute domination de l'homme sur l'homme, même encore à l'âge de la propagande de masse, où on leur propose d'en être, non les simples victimes, mais les heureux bénéficiaires. » (Bégout)

« Tyrans qui écrasez la vie ! Croyez-vous que toutes les lèvres mangent du foin ? Que toutes les lèvres peuvent être cadenassées ? Que toutes les consciences peuvent être endormies ? Et que plus jamais une voix ne retentira dans le désert ? » (Istrati)

« Au XXIème siècle, la vente de la marchandise-force de travail est assurée d'avoir autant de succès qu'en a eu la vente de diligence au XXème siècle.
Mais dans cette société, celui qui ne peut pas vendre sa force de travail est "superflu" et se trouve jeté à la décharge sociale. Qui ne travaille pas, ne mange pas ! Ce principe cynique est toujours valable - et aujourd'hui plus que jamais, justement parce qu'il devient désespérément obsolète. » (Krisis)

« L'année 1888 a commencé sous d'heureux auspices. Le 1er janvier, M. Xavier Delanoix a été crée chevalier de la Légion d'honneur (Services exceptionnels).
Voilà une distinction qui n'a pas été volée. Je ne veux pas dire par là que Delanoix serait encore capable de voler quelque chose. Il y a déjà longtemps qu'il ne vole plus. » (Darien)

«Quelques-uns commencent à voir quand il n'y a plus rien à voir. (...) Il est difficile de donner de l'entendement à qui n'a pas la volonté d'en avoir, et encore plus de donner la volonté à qui n'a point d'entendement. Et d'autant qu'ils sont sourds pour ouïr, ils n'ouvrent jamais les yeux pour voir.
Cependant, il se trouve des gens qui fomentent cette insensibilité, parce que leur bien-être consiste à faire que les autres ne soient rien. » (Gracian) 

« ...la contradiction éclatante de la publicité dans le spectacle social, qui parle de ce quelle ne vend pas, et qui ne vend pas ce dont elle parle. Il est facile, même pour des sociologues, de voir ce que promet et ne donne pas la publicité, agissant pour la diffusion de marchandises quelconques : elle promet la sécurité et l'aventure; le développement original de la personnalité et la reconnaissance de l'autre ; la communication et, par dessus tout, l'accomplissement des désirs érotiques. Après Freud et Reich, par exemple, on sait mieux qu'avant ce qu'est le "vrai besoin" sexuel; et son rôle dominant dans l'imagerie publicitaire est manifestement destiné à vendre aux gens le remplacement marchand de ce qu'ils n'ont pas. » ( I.S.)

« A quel point les conceptions changent avec les temps, permettez-moi de vous en donner le petit exemple que voici : dans un manuel de psychiatrie naguère bien connu, à la question : " Qu'est-ce que la justice ? ", la réponse suivante : "C'est que l'autre soit puni !" était citée comme un exemple d'imbécillité notoire; aujourd'hui en revanche, elle constitue le fondement d'une conception du droit surabondamment illustrée. » (Musil)

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