lundi 1 septembre 2014

L'expérience du gouffre

Paru en Angleterre en 1988 sous le titre "Running Wild", traduit une première fois en français sous le titre "Le massacre de Pangbourne" et réédité en France en 2013 sous le titre "Sauvagerie" aux Éditions Tristram , cette longue nouvelle de J. G. Ballard se révèle être toujours d'une remarquable actualité. Cette actualité "aggravée" interpelle puisque, en terme de société, rien ne semble s'être "arrangé" : laissant vertigineusement ouverte l'hypothèse de Ballard.
Que ce soit en termes de rapports de classes, d'ouverture aux autres, d'éducation, de "dialogue intergénérationnel", tout s'est au contraire prodigieusement alourdi.
L'occultation des "problèmes" est devenue la règle la plus commune d'une société qui n'ose même plus se regarder en face; même lorsqu'il s'agit de ses propres enfants.
Préférant croire probablement que, "Ce dont l'on ne parle pas, n'existe pas." Et restera donc sans conséquence.
Ballard envisage donc ici l'une de ces conséquences possibles : assez sinistre sans doute, mais si étrangement probable quand l'on y réfléchi.
"Par où commencer ? On a déjà tant écrit sur ce que la presse populaire du monde entier appelle le "massacre de Pangbourne" qu'il me paraît difficile de garder l'esprit clair en face de cet événement tragique. Depuis deux mois la télévision nous a littéralement bombardés d'émissions commentant l'assassinat des trente-deux occupants de cette résidence de luxe situé à l'ouest de Londres, et l'on a tellement spéculé sur l'enlèvement de leurs treize enfants qu'il ne semble guère possible d'échafauder une seule hypothèse nouvelle. "

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