samedi 23 décembre 2023

Carnet de citations - Poésie 7


 

« La poésie est à la fois le résultat de l'isolement et de la révolte. On me dit qu'il y a de beaux cris poétiques qui louent le monde. Mais c'est à première vue. Je pense qu'il ne s'agit là, au contraire, que de cris du cœur prêtant au monde ce que celui-ci lui refuse. Et c'est encore la révolte. »

(Ribemont-Dessaignes)


« Et toi oubliée, tes souvenirs ravagés par toutes les consternations de la mappemonde, échouée aux Caves Rouges de Pali-Kao, sans musique et sans géographie, ne parlant plus pour l'hacienda où les racines pensent à l'enfant et où le vin s'achève en fables de calendrier. Maintenant c'est joué. L'hacienda, tu ne la verras pas. Elle n'existe pas.
il faut construire l'hacienda. » (Chtcheglov)


« Quand viendra l'heure de marcher,
Beaucoup ne sauront pas
Que leur ennemi marche à leur tête.
Cette voix qui les commande
Est la voix de leur ennemi.
Celui qui parle, là, d'ennemi,
Est lui-même l'ennemi. »
(Poèmes de Svendborg - Brecht)


« Des écharpes de rails flottant au cou, les nomades entrèrent dans les bars du port. Sous des visières de brume et de fumée, des mains jouaient au poker. Les longues jambes de la durée frôlaient les respirations. Et la musique enrouée de la taille des femmes buvait la houle des demi-mots. Là, tout était prêt. La plus intime discordance effilochait les limites de la réserve dévoyée. Un vent, venu du nord le plus reculé, se leva dans l’œil des guetteurs et se mit à charrier, au fond des rues triangulaires, les parfums exotiques d'ici, d'ailleurs et de maintenant. » (Annie Le Brun)


« Feuillages minéraux breuvages ferments, nos nuits d'amour vous ressemblèrent. Les algues odorantes qui nous ombragèrent ont laissé sur nos fronts le reflet des méridiens rapides. La fuite des heures simula le vertige des hautes altitudes. » (Desnos)


« J'ai longtemps cru que j'avais grandi dans un faubourg de Buenos Aires, un faubourg aux rues hasardeuses, ouvertes sur de visibles couchants. » (Borges)


« Maintenant c'est une histoire d'obscurité stagnante
remplie par ceux que la peur maîtrise
avec une résignation terrible dans leur accroupissement »
(Marie Low)


«  Vous n'êtes pas encore totalement corrompus,
Vous n'êtes pas tous des maquereaux, des banquiers et des flics,
Vous pouvez toujours entrevoir la magie qui émerge de vos pâles horizons. »
(Marie Low)


« Hespaillier infatigable, je tirai les avirons plusieurs heures, sans que Faustroll parût découvrir l'abord enfin proche du château fuyant selon des mirages; après des rues étroites de maisons désertes espionnant notre venue par les yeux à facettes de compliqués miroirs, nous touchâmes de la fragilité sonore de notre proue l'escalier de bois ajouré du nomade édifice. » (Alfred Jarry)


Du chrysanthème automnal aux tons fins
Je prends la fleur de rosée envahie,
Pour qu'elle flotte où meurent les chagrins;
Je me sens loin; le monde, je l'oublie...
Rien qu'un cruchon ! Bien qu'on soit seul devant ,
Fini le bol ? le pot vers lui dévie...

(Tao Yuan-ming)

 


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