La valeur d’un
être humain est proportionnelle à son savoir donner/recevoir.
Celui
qui ne sait pas donner est donc très précisément celui qui ne vaut rien.
Le
vaurien, le pauvre, se redéfinit donc comme ce misérable qui dans
le cours de sa vie a malencontreusement égarer son désir de donner et du
savoir qui l’accompagne.
Dans
cette falsification du sens de la valeur humaine se concrétise en fait
aujourd’hui la misère mondialisée, la prolétarisation du monde. Car cet
arrêt du don, de sa circulation, est la dépossession fondamentale qu’aucune
accumulation de capital ne saura compenser.
La
perte du savoir lié au don et à sa dynamique est aussi la perte de notre
humanité et de son devenir.
Avec
la marchandisation progressive de toutes les relations humaines, c’est
littéralement la possibilité d’un futur pour l’humanité qui s’obscurcit.
L’histoire
humaine comme possibilité est avant tout histoire de la dynamique du don
entre les êtres humains.
L’expérience
du don et de sa dynamique particulière est l’expérience fondamentale, celle
qui fait que l’on devient humain.
Dans
le monde totalitaire du rapport marchand universalisé, c’est
l’acquisition de cette expérience qui devient progressivement impossible.
Le
don « humanitaire », la « charité » sont les subterfuges
d’une société qui voudrait oublier sa mauvaise conscience. Mais ces dons
arrêtés, extraits des dynamiques naturelles du don n’en sont que la
représentation pervertie, un symptôme de la maladie qui ronge ce monde.
La
famille, devenue aujourd’hui simple refuge sécuritaire et qui ne doit sa
persistance historique qu’à cette fonction, n’est qu’une sphère du don arrêté,
de son détournement, où tente de s’accumuler le capital comme privation
pour les autres, comme repli sur soi, comme refus du monde, comme
pitoyable justificatif de l’égoïsme particulier.
A
la mondialisation du rapport marchand qui n’aboutit qu’à la séparation
généralisée des êtres humains et finalement à leur destruction, nous
voulons opposer le projet d’une circulation mondialisée du don, d’une pleine
reconnaissance de l’individu dans sa diversité et sa relation à l’universelle.
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