lundi 3 mars 2014

De la valeur



La valeur d’un être humain est proportionnelle à son savoir donner/recevoir.
Celui qui ne sait pas donner est donc très précisément celui qui ne vaut rien.
Le vaurien, le pauvre, se redéfinit donc comme ce misérable qui dans le cours de sa vie a malencontreusement égarer son désir de donner et du savoir qui l’accompagne.

Dans cette falsification du sens de la valeur humaine se concrétise en fait aujourd’hui la misère mondialisée, la prolétarisation du monde. Car cet arrêt du don, de sa circulation, est la dépossession fondamentale qu’aucune accumulation de capital ne saura compenser.
La perte du savoir lié au don et à sa dynamique est aussi la perte de notre humanité et de son devenir.
Avec la marchandisation progressive de toutes les relations humaines, c’est littéralement la possibilité d’un futur pour l’humanité qui s’obscurcit.

L’histoire humaine comme possibilité est avant tout histoire de la dynamique du don entre les êtres humains.
L’expérience du don et de sa dynamique particulière est l’expérience fondamentale, celle qui fait que l’on devient humain.
Dans le monde totalitaire du rapport marchand universalisé, c’est l’acquisition de cette expérience qui devient progressivement impossible.
Le don « humanitaire », la « charité » sont les subterfuges d’une société qui voudrait oublier sa mauvaise conscience. Mais ces dons arrêtés, extraits des dynamiques naturelles du don n’en sont que la représentation pervertie, un symptôme de la maladie qui ronge ce monde.
La famille, devenue aujourd’hui simple refuge sécuritaire et qui ne doit sa persistance historique qu’à cette fonction, n’est qu’une sphère du don arrêté, de son détournement, où tente de s’accumuler le capital comme privation pour les autres, comme repli sur soi, comme refus du monde, comme pitoyable justificatif de l’égoïsme particulier.

A la mondialisation du rapport marchand qui n’aboutit qu’à la séparation généralisée des êtres humains et finalement à leur destruction, nous voulons opposer le projet d’une circulation mondialisée du don, d’une pleine reconnaissance de l’individu dans sa diversité et sa relation à l’universelle.

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