vendredi 14 février 2014

  Béla Balasz
 "Forme et contenu"
 Béla Balazs fut cinéaste, écrivain, dramaturge, poète, romancier, feuilletoniste, auteur de contes et de nouvelles. De son amitié avec Béla Bartók, naitra le livret de l'opéra Barbe-bleue.
En 1919, il sera membre du comité culturel révolutionnaire de la République des Conseils de Hongrie, à la suite de quoi il devra se réfugier en Autriche puis à Berlin.
Mais c'est probablement en tant que théoricien du cinéma que Balazs se montrera le plus remarquable. En 1925, parait "L'homme visible" qui sera suivi de "L'esprit du cinéma" et de "Le cinéma. Nature et évolution d'un art nouveau"
En 1945, il rentre en Hongrie, mais ses théories "Avant-gardistes" déplaise au régime stalinien et il sera bientôt limogé de tous ses postes. Bien qu'encore fort méconnu en France, les livres de Béla Balazs sont une référence incontournable, par leur profondeur d'analyse, pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire du cinéma.
Quelques citations extraites de ses différents ouvrages :
"Ce que je peux vous dire d'entrée de jeu, c'est assez peu de chose. Mais une fois que vous aurez prêté l'oreille à ce sujet, vous aurez compris qu'il y avait là matière à comprendre; alors, d'autres choses suivront et vous en apprendront davantage. " (L'homme visible)
"Par essence, la parole quand elle n'est plus rationnelle, devient incompréhensible. Ce qui est vu, au contraire, peut être saisi comme une évidence même si c'est inconcevable. Et c'est alors que nos cheveux se dressent sur notre tête. " (L'homme visible)
"La fuite devant la réalité qui fut dès le début la tendance dominante du cinéma bourgeois, a pris de cette façon une nouvelle direction. Autrefois, on s'évadait dans les contes romantiques des aventures exotiques. A présent, conformément au nouveau style naturaliste, l'évasion se fait dans les petits détails. Par angoisse devant la vérité de la totalité, on s'est caché la tête dans le sable d'une réalité "en miettes". (Le cinéma)
"La relation dialectique entre le contenu et la forme est analogue à celle qui existe entre l'eau d'un fleuve et son lit. L'eau est le contenu et le lit la forme.
Sans doute à un moment donné, l'eau s'est-elle creusée un lit, dont le contenu a créé la forme. Cependant, depuis que le lit du fleuve existe, il rassemble les eaux des environs et leur donne forme. Donc la forme façonne le contenu.
De grandes inondations sont nécessaires pour que les fleuves conquièrent de nouvelles formes, au delà de leur ancien lit. " (Le cinéma)
La subtilité des analyses de Balazs sur le cinéma impressionnèrent suffisamment Robert Musil pour lui inspirer son Essai "Éléments pour une nouvelle esthétique : Remarques sur une dramaturgie du cinéma", essai dont une notable partie est un véritable éloge des qualités de notre auteur, de sa profondeur et de sa limpidité.
Bénéficier de l'admiration de Robert Musil, voilà certes qui n'est pas donné à tout le monde ...

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