Étant la sauvegarde du système, l’ignorance est
soigneusement maintenue dans toutes les couches de la population ; cela
non seulement chez les « pauvres » mais également chez ceux qui
croient appartenir à une élite : cadres supérieurs, universitaires,
scientifiques, intellectuels médiatiques et tous ces brillants représentants
d’une savante ignorance qui tient simplement au fait qu’ils ont depuis
longtemps perdu toute indépendance d’esprit. Ces représentants de
« l’élite » doivent par ailleurs fournir beaucoup d’efforts pour
oublier leur servitude et n’ont donc aucun intérêt à réfléchir au-delà des
limites qui leurs sont imparties.
Il faut ensuite énumérer différentes formes
d’aliénation de la conscience parmi les plus courantes.
La première d’entre elles est la peur, mais une peur
très moderne. L’on retrouve ici la question de l’identité car si depuis
toujours la confrontation à l’autre, à ce qui est étranger, est en fait
l’occasion de se confronter à soi-même, à son identité, et donc de se
connaître, qu’en est-il dans un monde où la représentation, la comédie des
apparences est devenue nécessité vitale ? La confrontation à l’autre
devient alors confrontation à notre propre absence, à notre désertion de la
présence, de la vie réelle. L’autre nous fait donc très peur.
Comme corollaire à la peur, vient ensuite la
passivité : la société du spectacle vous ayant vidé de votre substance,
vous êtes très fatigué. Dans cette catégorie de la non compréhension, on peut
également inclure l’approbation gratuite sans engagement, l’accord sans
contenu.
Puis le fatalisme : si je ne suis pas vraiment
là, à quoi bon me battre ?
Enfin une catégorie particulière : le cynique.
Le cynique, croyant prendre une distance avec les choses, se pose dans un
ailleurs : il n’est pas concerné. Pensant ainsi échapper à la duperie
qu’il préfère croire universelle, le cynique est simplement victime de la
sienne propre. Il est juste un idiot.
Il y a différentes façons de ne pas comprendre même
s’il est possible de les accumuler toutes.
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