La base de ma réflexion mais
aussi de mon positionnement pratique a consisté à placer la relation humaine,
le rapport humain, au centre de la réalité historique ; dans ses contenus,
dans son devenir mais aussi dans les différentes formes de son expression
antérieure.
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Dans un monde où prédomine la représentation,
l’estime est devenu la fausse monnaie des rapports humains. La recherche
permanente de l’estime est devenu un besoin maladif car désormais ce qui est
recherché ce n’est pas la reconnaissance de ses capacités effectives de mise
en œuvre mais une forme de complicité tacite à l’image que l’on veut
donner de soi, au mensonge. Il ne s’agit
donc de rien d’autre que d’un renoncement à sa réalité propre et à
la possibilité d’une vie effective. Un « lâcher la proie pour
l’ombre ».
Ne pas agir est un choix. Ce
choix comme tous les choix a des conséquences qu’il faut assumer. Ne pas agir
n’exonère nullement de la responsabilité de ce qui existe.
Les « gens »
n’aiment pas du tout le comportement des gens et trouvent même beaucoup à y
redire. Curieusement, c’est même souvent sur ce terrain que les
« gens » trouvent une manière d’accord.
Dans un monde dominé par le
spectacle, ce n’est pas la différence qui pose problème avec l’autre mais cette
différence qui n’est pas lui-même, qui résulte d’un mode de représentation
inculqué par la logique marchande. L’autre qui m’intéresse, c’est celui qui a
su construire sa différence à partir de sa propre réalité effectivement vécue
et lui donner ainsi un contenu.
La différence sans contenu ne
peut provoquer que l’ennui et l’indifférence sinon l’hostilité.
Traits caractériels
contemporains : Autonomie fictionnelle et dépendance effective, Permanence
de l’illusion, Dynamique résistible, Passivité organisée, Modestie narcissique,
Individualisme craintif.
Pour ceux qui ne comprennent
pas le concept de « Spectacle », il serait possible de dire « La
société du mensonge élaboré en mode de vie ». Ce mensonge n’est pas
seulement celui des médias, comme certains feignent de le croire mais il est
aussi celui qui est exigé de chaque individu pour pouvoir appartenir à cette
société et s’en faire reconnaître.
C’est pourquoi « se faire
sa place » dans cette société équivaut précisément à se renier.
Nous sommes désormais réduits
à rechercher le dialogue à tâtons dans un Babel des consciences (le plus
souvent des fausses consciences).
C’est le champ des expériences
communes qui a été anéanti par le règne de la domination marchande où toute
expression de l’individualité devient séparation, où l’autre est
potentiellement mon ennemi.
Dans le monde du Spectacle, le passage obligé
par la projection de l’image de soi où toute profondeur est niée, mène
obligatoirement à la tentative de supplanter l’autre et est précisément
ressenti comme tel. C’est ainsi que le rapport à l’autre devient
systématiquement expérience de la séparation ; combat d’images où la
communication des êtres est totalement absente.
Rien ne concrétise mieux l’inhumanité des
temps présents ; c’est pourquoi, qu’au delà des multiples
« injustices » et désastres dont ce monde regorge, c’est bien ce
processus de destruction du rapport humain qui me semble être le
« souci » principal.
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